Un gendarme français monte la garde près d’engins de chantier près du campement de la ZAD (Zone à défendre) installé à Maurens-Scopont pour protester contre le projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à Castres, le 4 juillet 2025.

Six hommes soupçonnés d’avoir pris pour cible en 2024 des opposants à la très contestée autoroute A69 ont été mis en examen, vendredi 10 octobre au soir, et placés sous contrôle judiciaire, a fait savoir le parquet de Toulouse, qui avait requis le placement en détention.

L’un d’eux, le gérant d’une entreprise chargée de la sécurité du chantier de ce projet d’axe Toulouse-Castres, a « reconnu sa responsabilité » et « son implication dans l’organisation de ce qu’on peut appeler des commandos », a précisé dans l’après-midi le procureur de la République de Toulouse, David Charmatz, lors d’une conférence de presse.

Le 1er septembre 2024, des hommes cagoulés avaient mis le feu à une voiture devant une maison occupée par des opposants à l’A69, avant d’asperger « d’essence et de gaz lacrymogène » deux militants ayant tenté de les arrêter, a détaillé M. Charmatz.

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Neuf personnes soupçonnées d’être impliquées dans cette attaque et deux autres tentatives d’incendie le mois précédent ont été interpellées, mardi, dans les agglomérations de Marseille, Lyon et Albi et placées en garde à vue, a rapporté le procureur. Si trois d’entre elles ont été mises hors de cause, les six autres personnes – le commanditaire présumé et « cinq exécutants » de 22 à 33 ans – ont été mises en examen vendredi soir pour incendie volontaire en bande organisée, association de malfaiteurs et violences en réunion.

Ce sont « des faits de nature criminelle grave, qui font encourir à leurs auteurs des peines de prison de vingt ans », a expliqué le procureur.

Des incendies organisés et planifiés à la demande

L’agression intervenait au terme d’un été de tensions entre pro et anti-A69, dans une région où cette autoroute est vue par les uns comme un outil de désenclavement pour le sud du Tarn, ou par les autres comme un projet d’infrastructure anachronique à l’ère de la crise climatique. Des engins de chantier avaient notamment été incendiés et des affrontements lors de grands rassemblements avaient opposé militants anti-A69 et forces de l’ordre.

Les cinq « exécutants » ont admis « leur participation moyennant rémunération » et « expliquent que ces incendies ont été organisés et planifiés à la demande » de celui qui était alors responsable de la sécurité du chantier, a détaillé M. Charmatz.

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Une source proche de l’enquête précise que l’entreprise dont le gérant est mis en cause est « un sous-traitant de NGE [l’entreprise qui construit l’autoroute] pour la partie sécurité » et n’opère plus sur le chantier de l’A69. Le concessionnaire, « Atosca et le groupement constructeur de l’A69 [dont NGE] tiennent à souligner qu’ils ne sont pas mis en cause dans la procédure en cours et ont toujours condamné toute action violente dans le cadre de la construction de l’A69 », ont-ils déclaré dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP).

Un projet d’intérêt privé contre tout un territoire

Pour le collectif d’opposants La Voie est libre, dont plusieurs militants ont également été pris pour cible fin juin par des soutiens de l’A69, cette affaire « révèle au grand jour la nébuleuse mafieuse qui tente d’imposer un projet d’intérêt privé contre tout un territoire » et « reflète la position de toute-puissance accordée à NGE-Atosca ».

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Des écologistes et scientifiques dénoncent les destructions de zones humides, de terres agricoles, d’arbres, d’écosystèmes et de nappes phréatiques provoquées depuis le printemps 2023 par la construction de ce segment autoroutier de 53 km – censé raccourcir le trajet entre Toulouse et Castres, qui nécessite aujourd’hui environ 1 h 15 de voiture, d’une vingtaine de minutes.

Fin février, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné une interruption des travaux, mais la cour administrative d’appel de Toulouse a autorisé fin mai une reprise du chantier, avant un examen sur le fond.

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Le Monde avec AFP

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