Si la menace d’une potentielle militarisation du programme nucléaire iranien a été présentée par le gouvernement israélien comme la principale justification de ses frappes contre l’Iran, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, est motivé à l’évidence par d’autres raisons, qui dépassent la seule question du nucléaire. En frappant les bases militaires, les infrastructures énergétiques ou encore le siège de la radiotélévision à Téhéran, il est clair que le but recherché n’est plus seulement l’arrêt du programme nucléaire, mais un effondrement du régime iranien.

Les attaques terroristes du 7-Octobre perpétrées par le Hamas ont paradoxalement déclenché une longue descente aux enfers pour le régime iranien. Avec la quasi-destruction des capacités militaires du Hamas à Gaza, l’affaiblissement du Hezbollah au Liban et la chute du régime de Bachar Al-Assad en Syrie, la République islamique d’Iran se trouvait dans une position particulièrement vulnérable. A cela s’ajoutent une rupture profonde entre la population iranienne et les dirigeants, ainsi que la crise économique majeure qui touche toutes les couches de la société, à l’exception des oligarques proches du pouvoir. C’est dans ce contexte que les dirigeants israéliens ont sans doute vu une occasion en or pour se débarrasser de leur ennemi juré, voire pour dessiner les contours d’un nouveau Moyen-Orient.

L’armée israélienne obtient par ses attaques des gains tactiques majeurs, il est en revanche moins certain que, sur le plan politique, les choses évoluent de la même manière. Dans l’hypothèse où l’armée israélienne poursuivrait et intensifierait ses frappes dans les semaines à venir contre les centres du pouvoir et les hauts dignitaires iraniens, y compris l’ayatollah Ali Khamenei, ou contre des infrastructures civiles telles que l’industrie pétrochimique, la probabilité d’une chute du régime deviendrait de plus en plus élevée. S’il est vrai qu’une majorité écrasante de la population iranienne aspire à l’instauration d’un régime démocratique et libéral, il ne faut pas écarter pour autant le risque d’un chaos généralisé lié à l’absence d’un Etat central fonctionnel.

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