S’il dit avoir « réfléchi à arrêter » sa collaboration avec le géant de l’e-commerce asiatique Shein, visé par une enquête après la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine, le patron du grand magasin BHV, Frédéric Merlin, persiste : le magasin a bien ouvert mercredi 5 novembre vers 13 heures, à Paris.
Mercredi matin, quelques militants écologistes s’étaient réunis devant le grand magasin, pour dénoncer l’ouverture de cet espace de 1 200 m2, première boutique physique pérenne de Shein.
Pour le ministre de la ville et du logement, Vincent Jeanbrun, cette ouverture est une « erreur stratégique et une erreur sur le long terme ». Il a dénoncé sur TF1 un « danger » pour les commerces, au moment de la publication d’un rapport qui cible la concurrence déloyale de l’e-commerce.
Par ailleurs, le député Antoine Vermorel-Marques, rapporteur de la mission d’information sur les contrôles des produits importés en France, a assuré mercredi avoir découvert plusieurs « armes de catégorie A (machette, coups de poing américain) » sur Shein et avoir procédé à un signalement au procureur de la République.
La mairie de Paris « en guerre contre Shein et le BHV »
Au BHV, l’ouverture de la boutique Shein est sur toutes les lèvres. « Ce qui me rend triste, c’est que ça va marcher », anticipe, auprès de l’Agence France-Presse (AFP), Julie (le prénom a été changé), vendeuse d’une marque d’épicerie au BHV, souvent sollicitée par des clients à la recherche de produits Shein. Salariée du BHV depuis plus de vingt ans, Mélissa (prénom d’emprunt) regrette la « récupération » de l’affaire Shein au détriment d’« autres revendications » du personnel, alors que de nombreux fournisseurs ont quitté le magasin en raison d’impayés.
Allongeant la liste des mécontents, la maison de mode Agnès b. a annoncé, mardi, son départ du BHV, déplorant l’implantation de Shein. De son côté, le patron du BHV, Frédéric Merlin, défend l’installation de la plateforme chinoise au sein du grand magasin. « Shein, c’est 25 millions de clients en France », a-t-il fait part sur BFM-TV/RMC. « Ce qu’on oublie aussi, c’est que ce sont des Français qui, pour certains, n’ont pas le choix d’aller acheter ailleurs », a-t-il estimé à propos des clients de Shein.
En face du grand magasin, la mairie de Paris est « rentrée en guerre contre Shein et contre le BHV », a assuré, mardi, Patrick Bloche, premier adjoint d’Anne Hidalgo. La mairie a notamment demandé au BHV le retrait de bannières publicitaires Shein non réglementaires et passibles d’une amende.
Egalement opposé à l’arrivée de la marque dans des magasins portant son nom, le groupe Galeries Lafayette s’est, lui, mis d’accord avec la SGM pour rompre le partenariat concernant sept Galeries Lafayette de province exploitées par la SGM et qui seront rebaptisées BHV. Cinq de ces magasins doivent accueillir Shein.
Après de premières actions d’associations, lundi, devant le BHV, Patrice Faure, le préfet de police de Paris, a assuré suivre l’inauguration avec une « attention toute particulière » afin d’assurer « la sécurité à la fois de nos concitoyens » mais aussi « des infrastructures ».










