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Histoires Web vendredi, septembre 27
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NETFLIX – À LA DEMANDE – FILM

La présence de ce film délicat et bouleversant sur la page d’accueil de Netflix ramène à une époque, pas si lointaine, que l’on croyait définitivement révolue. En ce temps-là, les plates-formes de streaming accueillaient à bras ouverts cette part de la production américaine dont les salles – obnubilées par les franchises à gros budget – ne voulaient plus.

Présenté au Festival de Toronto en 2023, Ses trois filles a été acquis par Netflix, ce qui privera son public de pleurer dans le noir avec des inconnus mais multipliera les possibilités de découvrir ce sixième long-métrage d’Azazel Jacobs, réalisateur quinquagénaire dont la majorité des films sont restés inédits en France.

Et comment ne pas pleurer, puisqu’il est question de deuil, de regrets, de remords, d’expiation et de pardon ? L’effectif annoncé par le titre établit immédiatement la généalogie de cette histoire. Ces trois femmes réunies dans un appartement new-yorkais au chevet de leur père agonisant sont les descendantes des Trois Sœurs (1901), d’Anton Tchekhov.

Familières à travers les séries

Rachel (Natasha Lyonne) n’a pas eu à se déplacer. Elle vit avec son père, qu’elle a accompagné au long de la maladie. Elle arbore une chevelure d’un rouge ardent et se protège du monde en s’enfermant dans sa chambre qu’elle quitte pour aller fumer des joints dans la cour de la résidence, au grand désespoir de Victor, le gardien. Si Rachel doit sortir de l’appartement pour se défoncer, c’est parce que Katie (Carrie Coon), l’aînée, l’y force. Autoritaire, obsessionnelle (elle passe les deux premiers tiers du film à se demander comment obtenir de son père, désormais rarement conscient, la signature d’un ordre de ne pas réanimer), elle apparaît d’abord comme la caricature d’une grande personne, parfait négatif de l’adolescente prolongée qu’elle voit en sa sœur. On apprendra bientôt qu’elle n’a guère soutenu cette dernière pendant la maladie de leur père.

Entre les deux, il y a Christina (Elizabeth Olsen), la benjamine, mère de famille, membre de la tribu des Deadhead (qui sacrifie au culte du Grateful Dead) venue de Californie. On se demande parfois si elle survend les joies de la maternité et les bienfaits de la méditation qu’elle pratique à tout bout de champ pour mieux dissimuler sa fragilité, avant d’être forcé par l’actrice à se résoudre à l’idée qu’on peut être radieuse et au bord de la dépression.

Même si on les a vues au cinéma (avant d’être embauchée par Marvel pour jouer la sorcière Wanda Maximoff, Elizabeth Olsen illumina le film indépendant Martha Marcy May Marlene, en 2011), ces actrices sont devenues familières à travers les séries – The Leftovers et The Gilded Age pour Carrie Coon ; Orange is the New Black et Poupée russe (Russian Doll) pour Natasha Lyonne ; WandaVision pour Elizabeth Olsen. Cette familiarité est comme un sésame pour entrer dans le monde ordinaire et infiniment complexe des trois sœurs.

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