Bonjour, Anne Renaud de l’Agence France-Presse. Ma question porte sur l’incompréhension que suscite cette reconduction parmi les Français, y compris dans votre camp. Certains vont jusqu’à dire que c’est ridicule. Qu’en dites-vous ?

Sébastien Lecornu :  Je pense que ce qui est ridicule, c’est le spectacle dans lequel l’ensemble de la vie politique est en train de se tenir depuis maintenant plusieurs jours. Moi, j’ai été clair en début de semaine : ma mission était terminée. Bon, il se trouve que l’urgence à avoir des textes économiques et financiers, à devoir les présenter dans les temps, à traiter du sujet aussi et des urgences liées à la Nouvelle-Calédonie, la difficulté aussi, je crois, de la mission – je n’ai pas le sentiment qu’il y avait beaucoup de candidats pour être complètement transparent. Moi je vais vous dire, je l’ai dit aux Françaises, aux Français, à la télévision cette semaine, je n’ai pas d’agenda, je n’ai pas d’autre ambition que de se sortir de ce moment qui est objectivement très pénible pour tout le monde. Donc, moi, je me donne une mission qui est assez claire.

Après, soit les forces politiques m’aident et on s’accompagne pour le faire, soit elles ne le font pas, c’est comment on fait en sorte que, le 31 décembre, il y ait un budget pour la Sécurité sociale et un budget pour l’Etat et qu’on ait traité quelques urgences. Donc, moi, je peux comprendre tous les commentaires, toutes les incompréhensions. Je suis moi-même politique, je comprends le débat politique. Maintenant, le sujet, c’est soit on fait du surplace, soit on avance, et je pense que pendant ce mois, en avançant sur un certain nombre de tabous, de verrous que j’ai ouvert progressivement avec les différentes discussions que j’ai pu avoir avec nos différentes oppositions, il s’est passé des choses.

On ne peut pas ne pas voir qu’un premier ministre qui dit que les débats iront jusqu’au bout de la première minute à la dernière minute parce qu’il n’y aura pas d’utilisation du 49.3 de la Constitution, ce n’est pas rien. Ce n’est pas moi qui le demandais, ce sont les forces d’opposition. Au fond, moi, je défends un certain nombre d’éléments du bilan de ce que nous avons fait et qu’en même temps on ne peut pas refuser le débat démocratique sur certains sujets, et notamment qu’un grand débat démocratique va avoir lieu avec l’élection présidentielle en 2027, mais que ce n’est pas pour autant que l’Assemblée nationale et le Sénat ne doivent pas se saisir de certaines thématiques, comme les partenaires sociaux.

Donc, au fond, c’est un moment aussi de vérité. Est-ce qu’on est capable aussi de remontrer aux Françaises et aux Français qu’on est capable d’avancer ? J’ai entendu, hier, des déclarations à la sortie de l’Elysée de responsables politiques qui me semblaient avoir envie d’avancer avec beaucoup d’exigence, beaucoup d’exigence. Je l’entends et je le mesure. Il y a une opposition, il y a des gens qui, comment dire, souhaitent gouverner, en tout cas vont être appelés au gouvernement. Mais je pense que là, désormais, on joue un moment important pour le pays, et qu’on doit non pas appeler à la responsabilité, parce qu’il y a quelque chose de moral toujours et, moi, je ne suis pas là pour faire la morale.

Je ne suis pas là pour faire la morale. Moi, je ferai mon devoir et je ne serai pas un problème. Je vous le dis comme je le pense, je ne serai pas un problème, parce que c’est comme ça que je conçois aussi la mission, comme d’ailleurs bon nombre des personnes qui servent ici dans un commissariat. Au bout d’un moment, il y a une dimension de service public, il y a une dimension de service de l’intérêt général. Une fois de plus, moi, je n’ai pas d’autre agenda.

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