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S’il existe toutes sortes de méthodes pour arrêter le tabac, rien n’existe, malheureusement, à destination de ceux qui essaient d’arrêter le sapin. Ou, plus exactement, le sapin en sapin. Des gens qui refusent l’absurdité écologique et économique qui consiste à faire pousser des conifères dans la nature pour les déplacer dans un salon, avant de les jeter un mois plus tard. Et de recommencer l’année suivante.

Au nom de la défense de l’environnement, ils ont remplacé d’autres produits de leur quotidien – ils ont même adopté les pailles en carton alors qu’elles s’écrabouillent quand ils les mâchouillent. Se priver de sapin coupé est moins engageant que d’adopter les toilettes sèches et, pourtant, ça leur semble surhumain. Car tout ce qui touche aux traditions ou aux enfants se place d’emblée au-dessus des consi­dérations écologiques.

Les gens qui ont décidé d’arrêter le sapin ont, comme les fumeurs, des substituts à disposition : sapins artificiels et constructions créatives sont leur vapoteuse. Mais ces derniers n’apportent pas les mêmes satisfactions, ce qui les amène à rechuter régulièrement.

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A quoi on les reconnaît

Ils ont déjà bricolé des sapins à partir, au choix, de cartons de déménagement, de vieilles palettes ou de rouleaux de papier toilette et ils ont tenté de convaincre leurs enfants que c’était la magie de Noël. Ils ont contemplé des escabeaux de Noël, des vélos de Noël, des citronniers de Noël chez leurs copains, sont admiratifs de la créativité de ceux qui parviennent à se passer de sapin, mais ne parviennent pas à reproduire l’expérience chez eux : il semble toujours manquer quelque chose. D’ailleurs, ils continuent à acheter des calendriers de l’Avent Kinder à leurs enfants en master 2.

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Pour eux, imaginer les conteneurs qui arrivent au Havre remplis de sapins alternatifs en PVC, ça ne fait pas non plus l’affaire. Ils en ont un en plastique dans le garage ou à la cave qu’ils n’utilisent pas. Ils doivent se retenir à chaque fois qu’ils passent devant un stand de sapins au marché ou à la sortie des magasins. Ils disent : « Je ne fais de sapin que si on fête Noël à la maison », avec le même sentiment de sobriété que ceux qui déclarent ne prendre l’avion que quand c’est nécessaire. Ils finissent par faire un compromis sur la taille de l’arbre, convaincus que le dieu de la décarbonation leur pardonnera s’ils en choisissent un plus petit que l’année précédente. Chaque année, ils redemandent la différence entre Nordmann et Nobilis et, au mois de décembre suivant, ils ont oublié la réponse. Ils en rachètent un dernier, en se promettant que c’est le dernier.

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