Les Etats-Unis avaient suspendu une partie de leur aide au développement et de leur coopération militaire après les coups d’Etat successifs, entre 2020 et 2023, ayant porté des militaires à la tête de trois pays : le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Depuis l’arrivée de l’administration Trump, Washington souhaite axer la politique en Afrique sur le commerce, avec un intérêt marqué pour les ressources minières. Les régimes militaires sahéliens, réunis au sein de la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel, ont salué ce nouvel angle malgré leur politique souverainiste, sur les minerais notamment.
Depuis ces dernières semaines, plusieurs hauts responsables américains se sont succédé à Bamako, Ouagadougou et Niamey. Au début de juillet, le directeur adjoint principal chargé de la lutte contre le terrorisme à la Maison Blanche, Rudolph Atallah, s’était rendu au Mali pour « offrir la solution américaine » contre le « terrorisme ». Puis, quelques jours plus tard, le sous-secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique de l’Ouest, William B. Stevens, avait évoqué à Bamako « la lutte antiterroriste » et la possibilité « d’investissements privés américains », après des tournées à Ouagadougou et à Niamey.
Uranium, or, lithium
« Il faut regarder l’investissement, les potentialités de nos pays », a déclaré en juillet le ministre malien des affaires étrangères, Abdoulaye Diop. Le Mali est parmi les plus importants producteurs d’or et de lithium – utilisé dans la fabrication des batteries de voitures électriques – d’Afrique. C’est le cas du Niger en ce qui concerne l’uranium, et du Burkina Faso pour l’or.
Depuis une décennie, ces pays subissent les attaques de groupes liés à Al-Qaida et à l’Etat islamique, sans parvenir à les enrayer. « En échange de l’accès des entreprises américaines » à ses ressources – que sont l’or et le lithium –, les Etats-Unis proposent « de tuer les chefs des groupes djihadistes », affirme Ulf Laessing, directeur du programme Sahel à la Fondation Konrad-Adenaueur au Mali.
« Moins regardants »
Après avoir tourné le dos à la France – l’ex-puissance coloniale – les juntes sahéliennes se sont rapprochées de la Russie et de sa société de sécurité privée Wagner, devenue Africa Corps, qui les aide dans la lutte antidjihadiste. Moscou a récemment annoncé son intention d’exploiter l’uranium nigérien, peu après la nationalisation par la junte d’une filiale de l’importante entreprise française de l’uranium Orano.
Selon l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Niger Bisa Williams : « Trump ne voit aucun problème à soutenir les efforts de la Russie dans la région. Les Russes sont moins regardants sur les valeurs démocratiques et la promotion des droits humains, cela va de pair avec [son] administration. »
En échange de minerais, « Washington pourrait “accepter’’ de lutter contre le terrorisme au Mali », en facilitant le déploiement de « mercenaires américains », à la manière des Russes, pour ne « pas défendre cette politique devant le Congrès », ajoute-t-elle.