« La véritable épée de Damoclès, c’est notre dette financière colossale, 3 228 milliards – qui, si l’on n’y prend garde, placera notre pays au bord du précipice. » Michel Barnier a choisi de consacrer la première partie de son discours de politique générale, mardi 1er octobre, à la nécessité de réduire le déficit public pour le ramener de 6 % du PIB cette année à 5 % en 2025, avant de revenir d’ici à 2029, à 3 %.

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Le premier ministre a affirmé que les économies viendront à deux tiers d’une baisse des dépenses – tout en restant flou sur le détail – et à un tiers d’une hausse des impôts. Ces dernières années, beaucoup d’autres pays européens ont traversé des périodes d’austérité, offrant des leçons instructives quant aux risques de cette politique et de sa possible casse sociale – comme en Grèce ou en Espagne –, mais aussi sur les dangers d’une dérive des finances publiques si elles ne sont pas maîtrisées – comme en Italie.

Céline Antonin est une économiste à l’Office français des conjonctures économiques (OFCE), qui a tour à tour étudié la Grèce, l’Italie et l’Allemagne : un pays qui a fait faillite, un autre qui a accumulé une dette dans les années 1980 qui le plombe aujourd’hui encore et un troisième qui évite les dépenses publiques même quand il pourrait dépenser. De ces trois erreurs différentes, une conclusion tout en nuances s’impose : l’approche budgétaire dépend de la conjoncture. « Il faut éviter de faire des coupes en pleine récession, une faute qu’on a faite pendant la crise de la zone euro », explique-t-elle. Inversement, la France enregistre un déficit de 6 % du PIB alors même que la croissance tourne autour de 1 % et que le chômage a reculé, ce qui justifie, selon elle, un effort budgétaire.

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En France, près de 30 milliards d’euros à trouver en 2025

En annonçant un effort budgétaire évalué à près de 30 milliards d’euros, le gouvernement français n’entame pas une austérité similaire à ce qui a été mis en place ailleurs en Europe pendant la crise de la zone euro. « On parle de quelque chose autour de 1 % du PIB. Ça n’a rien à voir avec ce qui a été fait dans les pays périphériques », souligne Gilles Moëc, économiste en chef à Axa.

Le cas le plus extrême était celui de la Grèce, qui a réduit son déficit structurel (hors des effets conjoncturels) de 13 % du PIB en 2009 à 2,7 % en 2011. « La consolidation était de 10 points de PIB, c’était monstrueux », poursuit M. Moëc. L’effort a de même été extrême en Espagne, avec quatre points de PIB en moins entre 2011 et 2012, et huit points étalés sur quatre ans. Quant au Royaume-Uni, le gouvernement arrivé au pouvoir en 2010 a organisé des coupes un peu plus graduelles mais très dures en cumulé : 4,8 points de déficit structurel en moins en quatre ans.

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