
« Les médecins prédisaient que, si je survivais, je perdrais des facultés cognitives, je ne serais pas loin de devenir un légume. » En cette fin de journée ensoleillée, dans un jardin fleuri de Paris, Romain Dussaux a toute sa voix et toute sa tête et choisit ses mots avec prudence. Impossible de deviner que, le 26 mai 2016, ce Parisien a frôlé la mort sur un trottoir du 12e arrondissement, en marge d’une manifestation contre la « loi travail ». Le bouchon allumeur d’une grenade à main de désencerclement (GMD) jetée par un policier lui avait alors causé un enfoncement crânien et une grave hémorragie cérébrale.
Neuf ans plus tard subsistent des migraines persistantes, une épilepsie nécessitant un traitement à vie, et l’amère sensation d’avoir été abandonné par la justice. Après des années de procédure, le policier responsable de sa blessure a été définitivement blanchi. « Je suis un véritable miraculé, alors j’ai traversé tout ça avec un certain recul, j’ai vécu ces années comme une sorte d’expérience », philosophe celui qui, à l’époque, n’avait jamais mis les pieds dans une manifestation.
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