Deux questions se posent aujourd’hui avec acuité pour la zone euro. La première est de savoir comment accompagner le programme de réformes dont se sont dotés les Européens : les rapports Letta (sur le marché intérieur) et Draghi (sur la compétitivité) proposent à l’Union européenne une feuille de route ambitieuse, en vue de faire du vieux projet d’intégration économique le vecteur d’une nouvelle dynamique de modernisation et de redressement. Or, l’expérience montre que les chances de succès d’un tel programme dépendent crucialement de l’environnement macroéconomique dans lequel il est mis en œuvre.

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La deuxième question est de savoir comment la zone euro va répondre à Trump : celui qui s’installera dans moins d’un mois à la Maison Blanche n’a pas fait mystère de son intention de s’en prendre aux excédents extérieurs des partenaires commerciaux des Etats-Unis. Or, depuis quinze ans, la zone euro accumule les excédents de balance des paiements. En 2024 encore, elle s’apprête à enregistrer un solde courant nettement supérieur à 3 % du produit intérieur brut, et son actif extérieur net (le stock des avoirs à l’étranger moins les dettes vis-à-vis des non-résidents) dépasse désormais les 1 000 milliards d’euros. Donald Trump, qui envisage ces sujets d’un point de vue étroitement mercantiliste, va certainement faire pression pour que l’Allemagne, notamment, réduise son excédent.

Réallouer l’épargne

Ces deux questions sont intimement liées. Depuis une quinzaine d’années, la zone euro a fait comme si elle pouvait compter sur ses partenaires commerciaux pour tirer sa croissance, sans devoir elle-même la promouvoir, et elle a massivement exporté son épargne vers le reste du monde, en particulier vers les Etats-Unis. En agissant de la sorte, elle s’est comportée comme une petite économie ouverte, ce qu’elle n’est évidemment pas. Bien sûr, tous les pays ne relèvent pas de la même analyse : la France, en particulier, connaît de longue date un déficit marqué de son compte extérieur, et elle est donc importatrice nette d’épargne. Mais l’Allemagne, les Pays-Bas, les pays scandinaves ou même l’Espagne enregistrent aujourd’hui des surplus extérieurs considérables, qu’ils investissent sur le marché financier américain.

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