Thibaut Bruttin, directeur général de RSF, au siège de l’organisation, à Paris, le 3 juin 2025

Reporters sans frontières (RSF) a annoncé mercredi 1er octobre saisir l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, afin de « sanctionner » la chaîne CNews, que l’association met en cause pour son traitement de l’affaire de Crépol, ville dans la Drôme où un adolescent avait été tué en 2023.

RSF a précisé avoir pris cette décision après avoir « enquêté sur la vague de harcèlement et de menaces » proférées en mars 2025 envers les auteurs d’un livre d’enquête sur l’affaire, Une nuit en France, publié chez Grasset.

Selon l’association, cette « vague » a été provoquée par la « campagne de dénigrement de l’ouvrage et de ses auteurs » menée pendant plus d’une semaine par CNews parce que « leur enquête remettait en cause la tentative de l’extrême droite politique et médiatique de faire de ce drame un “francocide” ».

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RSF rapporte par ailleurs que la chaîne, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a « étrillé l’ouvrage, ses auteurs et leur version des faits dans au moins 27 émissions jusqu’au 24 mars. Un lynchage sérialisé sur une semaine », alors qu’« aucune autre chaîne d’information ne traitait ce sujet avec une telle récurrence ».

« Ceux qui mettent des cibles sur le dos des journalistes sont bel et bien les intervenants de CNews, qui se nourrissent de la rancœur citoyenne et transforment cette chaîne en véritable média de la haine », a accusé Thibaut Bruttin, directeur général de RSF, cité dans le communiqué.

Une affaire qui cristallise les tensions politiques

« CNews ayant déjà été sanctionnée à de multiples reprises pour des faits de même nature, nous appelons l’Arcom à faire respecter la loi en faisant preuve de plus de fermeté », a-t-il ajouté.

Les auteurs d’Une nuit en France, Jean-Michel Decugis, journaliste au Parisien, Pauline Guéna, romancière et scénariste, et Marc Leplongeon, journaliste à L’Equipe, avaient déposé plainte en mars pour menaces de mort et injures.

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La mort de Thomas, un lycéen de 16 ans poignardé lors d’un bal à Crépol, dans la nuit du 18 au 19 mars 2023, avait suscité une vive polémique, la droite et l’extrême droite l’élevant en emblème d’une insécurité dans les zones rurales due, selon elles, à des habitants de quartiers urbains défavorisés.

Quatorze jeunes hommes, pour certains mineurs au moment des faits, ont été mis en examen pour « homicide volontaire et tentative d’homicides volontaires en bande organisée ». Tous nient avoir porté le coup mortel.

Le Monde avec AFP

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