Pourquoi les expériences agréables, telles qu’une relation amoureuse, un emploi, une œuvre d’art… ne procurent plus le même plaisir intense du début dès lors qu’elles deviennent fréquentes ? D’autre part, comment des maux tels que la pollution de l’air, les inégalités, la corruption… peuvent-ils être acceptés, voire acceptables ? Le processus à l’œuvre est l’habituation, qui rend les êtres de moins en moins réactifs aux stimuli répétitifs. Un comportement que les humains partagent avec tous les animaux, y compris les bactéries.

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Cass Sunstein, directeur du programme d’économie comportementale à la Harvard Law School, et Tali Sharot, professeure en neurosciences et en psychologie à l’University College de Londres, analysent finement les ressorts de l’habituation dans un ouvrage qui vient d’être traduit. Qu’ils soient négatifs ou positifs.

Les auteurs relèvent ainsi que, sans l’habituation émotionnelle, l’humanité ne connaîtrait sans doute ni les innovations techniques ni les œuvres d’art dont elle jouit aujourd’hui, car personne n’aurait été suffisamment motivé pour les créer. « Les individus qui s’habituent vite sont enclins à l’exploration : la baisse d’intensité émotionnelle associée au statu quo déclenche la quête d’expériences et de découvertes nouvelles », précisent-ils. En outre, il a été démontré que la satisfaction apportée par un bien matériel décroît rapidement avec le temps, alors que celle apportée par les expériences ne diminue pas.

Effet anesthésiant et paralysant

« Société », une partie notable du livre, souligne ce que les neuroscientifiques appellent les erreurs de prédiction, qui dépendent des neurones dopaminergiques. Si le cerveau travaille sans cesse à prévoir ce qui va arriver afin de se préparer au mieux, l’interprétation des signaux est parfois trompeuse. Or les prédictions influencent le niveau d’attente des humains ; quand il baisse, les malheurs qui les frappent (comme l’injustice, la maladie…) ne les affectent pas autant.

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