
Le président du tribunal judiciaire de Paris, Peimane Ghaleh-Marzban, a dénoncé mercredi 23 juillet « l’opprobre jeté publiquement sur des magistrats » par la ministre de la culture, Rachida Dati, après son renvoi en procès, au côté de l’ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, pour corruption et trafic d’influence.
« Si toute personne peut librement apporter tout élément d’explication utile à l’appui de sa défense, au titre d’une prise de parole assurant le respect de sa présomption d’innocence, l’opprobre jeté publiquement sur des magistrats soumis au devoir de réserve et ne pouvant répondre à ces attaques jette le discrédit sur l’autorité judiciaire et sape la confiance légitime des citoyens dans la justice », a affirmé M. Ghaleh-Marzban dans un communiqué.
Le président du tribunal a réagi après que l’ancienne garde des sceaux de Nicolas Sarkozy, elle-même magistrate de formation, a dénoncé mardi soir sur LCI une « procédure émaillée d’incidents ». Clamant son innocence, Rachida Dati a également vilipendé des magistrats qui « marchent » sur les droits de la défense et leur portent des « atteintes graves ».
Elle a notamment mis en cause le procureur de la République financier qui, d’après elle, l’aurait assurée de son désaccord avec les charges portées contre elle lorsqu’il l’a « reçue deux heures trente dans son bureau » : « J’ai vu droit dans les yeux M. Bohnert, qui m’a dit que son parquet dysfonctionnait. »
Plusieurs recours déposés
« Il doit être rappelé que tout justiciable a la possibilité de former un recours contre une décision de justice le concernant », écrit le président du tribunal dans son communiqué. Mme Dati et M. Ghosn contestent les accusations dans ce dossier judiciaire instruit depuis 2019 à Paris, aux lourds enjeux politiques, Rachida Dati étant également une potentielle candidate à la Mairie de Paris.
Le secrétaire général du parti socialiste, Pierre Jouvet, demande par ailleurs, mercredi, « la démission » de la ministre de la culture, qu’il a qualifiée de « voyou » après son renvoi devant le tribunal correctionnel pour corruption et trafic d’influence. « Nous demandons de manière très claire la démission de Rachida Dati », a déclaré M. Jouvet sur Sud Radio. « Rachida Dati utilise des méthodes trumpistes », a-t-il ajouté, dénonçant la charge de la ministre à l’encontre des magistrats qui ont prononcé son renvoi devant la justice.
La ministre, âgée de 59 ans, sera jugée pour recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance, corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale, le Parlement européen.
« Nous allons faire appel dès aujourd’hui de cette décision », ont déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) deux des avocats de Mme Dati, Olivier Baratelli et Olivier Pardo, dont l’un des nombreux recours sur la prescription des faits qu’ils allèguent a encore été écarté à la mi-juillet.
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Mme Dati est soupçonnée d’avoir perçu 900 000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil actées dans une convention d’honoraires signée le 28 octobre 2009 avec RNBV, filiale de l’alliance Renault-Nissan, mais sans avoir réellement travaillé, alors qu’elle était avocate et députée européenne (2009-2019).