Livre. Le catholicisme est-il une « religion parmi d’autres » en France ? Cette interrogation donne son titre au nouveau livre de Céline Béraud (PUF, 408 pages, 24 euros). La sociologue analyse, dans cet ouvrage, la recomposition d’un catholicisme qui se trouve, selon elle, « dans une situation d’entre-deux » : ce culte qui était majoritaire depuis des siècles est devenu minoritaire. Aujourd’hui, seuls 32 % des Français se définissent comme catholiques (contre 70 % en 1981), mais cette religion conserve une présence sociale « diffuse » qui se manifeste aussi bien dans la liste des jours fériés et dans sa présence patrimoniale que dans la couverture médiatique des premiers pas du nouveau pape.

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Reste que la « mise en minorité du catholicisme » pousse ses représentants – mais aussi les administrations publiques et la société tout entière – à réinventer leur rapport aux autres religions. La pluralité religieuse et son institutionnalisation tendent en effet « à déplacer le catholicisme français du côté du lot commun en le dépouillant, progressivement, des attributs qui furent les siens quand il était majoritaire, résume la directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Le catholicisme s’en trouve fragilisé et contraint à des évolutions majeures et rapides ».

La prison et l’hôpital, terrains que l’autrice fréquente depuis près de deux décennies, constituent des « observatoires privilégiés » de ce phénomène. Dans ces lieux clos, les aumôneries catholiques ont longtemps bénéficié de privilèges par rapport aux autres cultes « agréés » – musulman, protestant, orthodoxe, juif, bouddhiste, et, pour la prison, témoins de Jéhovah. Elles bénéficiaient d’un personnel plus important, d’une certaine liberté de circulation, de la mise à disposition de lieux de culte spécifiques ou du choix dans les dates d’organisation de certains événements.

Quel accompagnement pour les « sans-religion » ?

Aujourd’hui, tous ces privilèges accordés à la religion historique sont remis en question. Même le vocabulaire administratif a évolué : les termes « sacrements » et « pastorale », connotés trop catholiques, ont disparu en 2010 des articles du code de procédure pénale consacrés aux aumôneries. Certains aumôniers catholiques s’émeuvent de cet effacement, d’autres font « preuve de paternalisme et d’une certaine mauvaise foi dans leur rapport » aux autres confessions, mais tous ne voient pas cette reconfiguration d’un mauvais œil : un ancien aumônier évoque ainsi sa « prise de conscience qu’il faut sortir d’une position quelque peu hégémonique, pour ne pas dire de surplomb ».

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