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« Plutôt que de se percevoir comme une forteresse assiégée, l’école doit être en symbiose avec la société, comme une maison et un bien commun », déclarait récemment un représentant de la direction générale de l’enseignement scolaire, en ouverture de la conférence de consensus du centre national d’étude des systèmes scolaires consacrée aux nouveaux savoirs et nouvelles compétences des jeunes, les 5 et 6 novembre à Paris.

Selon lui, « l’école doit s’appuyer sur les savoirs acquis en dehors pour enrichir les relations élève-professeur ». Or « l’école les dévalorise souvent, les voyant parfois comme concurrents de la transmission académique ». Il ajoute que l’intégration des compétences numériques acquises en dehors de l’école reste « un impensé au niveau ministériel ».

Pour l’instant, concernant les écrans, la tendance est au pamphlet, avec une déformation des analyses de la commission d’experts missionnée par le président de la République en début d’année.

Opportunité incroyable

Nous, professionnels de l’éducation, chercheurs, associations et entrepreneurs, alertons sur les dérives de l’amalgame entre écrans, réseaux sociaux et numérique éducatif.

L’école n’est pas « numérisée ». Les données du ministère de l’éducation nationale en témoignent : les enseignants se plaignent d’équipements vétustes et de la faible connectivité, rendant difficile la mise en place de pédagogies innovantes adaptées aux élèves.

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Ce n’est pas l’usage du numérique à l’école qui pose problème. L’école offre un temps structuré, protégé, consacré au développement de l’intelligence et sécurisé par le ministère. Ce temps mérite d’être valorisé : les contenus numériques peuvent soutenir les apprentissages, s’ils sont accompagnés d’une formation adaptée. Ils facilitent la différenciation pédagogique dans des classes de plus en plus hétérogènes et sont une opportunité extraordinaire pour les élèves à besoins particuliers.

Plutôt que d’accuser l’école d’« hyper-numérisation », il serait plus juste et efficace de s’attaquer aux géants étrangers du secteur dont les modèles économiques reposent sur la captation des données, y compris celles des enfants, et sur des designs volontairement addictogènes. À l’opposé, la filière française du numérique éducatif œuvre pour un numérique responsable, respectueux des données et de l’attention des élèves.

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