Un procès devant la cour d’assises spéciale a été ordonné, mardi 8 octobre, contre le djihadiste français, présumé mort, Sabri Essid, a appris l’Agence France-Presse (AFP) mercredi de source proche du dossier. L’homme est accusé de génocide et de crimes contre l’humanité au préjudice de onze femmes et enfants yézidis en Syrie entre 2014 et 2016.

« Les actes matériels que Sabri Essid a commis étaient en cohérence totale avec son adhésion à la politique génocidaire de l’Etat islamique qui légitimait l’achat et la revente de femmes et d’enfants yézidis, leur enfermement, leur réduction à un statut servile et les nombreux viols commis à leur encontre », notent deux juges d’instruction du pôle crimes contre l’humanité du tribunal de Paris, dans leur ordonnance de mise en accusation consultée par l’AFP.

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Les deux magistrates ordonnent qu’il soit jugé pour génocide, crimes contre l’humanité et complicité de ces crimes commis entre août 2014 et courant 2016 au préjudice notamment de quatre femmes yézidies et de leurs sept enfants.

« En l’absence d’enquête devant la Cour pénale internationale, les justices nationales, dont la justice française, sont aujourd’hui le seul espace de justice disponible pour les victimes yézidies qui ont subi l’horreur aux mains de djihadistes de Daech [acronyme anglais de l’organisation Etat islamique], dont des ressortissants français », a considéré dans un communiqué Bahzad Farhan, fondateur de l’ONG Kinyat.

Présumé mort depuis 2018

Sabri Essid, né en 1984 à Toulouse, est le fils d’un compagnon de la mère de Mohamed Merah, qui avait tué en mars 2012 trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs à Toulouse et à Montauban. Il a rejoint l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie début 2014. D’abord garde du corps d’un haut cadre de l’EI, il est ensuite devenu membre de l’Amniyat, la branche de l’EI chargée notamment de la sécurité intérieure et du renseignement.

Il est présumé mort depuis 2018. Aucune preuve officielle de son décès n’ayant été apportée, la justice française reste compétente pour le juger par défaut. Une enquête préliminaire avait été ouverte en juin 2019 à l’encontre de ce Toulousain, soupçonné de viols et sévices sur des femmes yézidies, des faits qui pouvaient « s’analyser comme des atteintes graves à l’intégrité physique ou psychique constitutives du crime de génocide », avait précisé le Parquet national antiterroriste (PNAT).

Puis, pour la première fois, le pôle crimes contre l’humanité du PNAT, qui enquêtait depuis plusieurs années sur les crimes subis par cette minorité religieuse, avait ouvert en octobre 2019 une information judiciaire pour génocide et crimes contre l’humanité contre Sabri Essid. Jusqu’à présent, les djihadistes français faisaient uniquement l’objet de poursuites pour des infractions à caractère terroriste.

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Le Monde avec AFP

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