L’accusé Husamettin Dogan pendant une pause du procès en appel dans l’affaire des viols de Mazan, au tribunal de Nîmes, dans le sud de la France, le 7 octobre 2025.

Dominique Pelicot, 72 ans, a été sorti de l’isolement de sa prison pour témoigner au procès en appel des viols de Mazan. Un seul des 51 hommes condamnés à Avignon, il y a un an, a maintenu son appel, Husamettin Dogan, ex-ouvrier de 44 ans. Au deuxième jour du procès, mardi 7 octobre, Dominique Pelicot était interrogé, comme témoin uniquement.

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Le 28 juin 2019, celui qui se présentait comme « Karim BM » [Karim bien monté] sur le forum de rencontres sexuelles Coco.fr, fermé depuis, arrive à Mazan (Vaucluse). Dominique Pelicot, qui cherchait « une personne pour abuser de son épouse à son insu », lui demande de se déshabiller, de ne pas fumer, de se laver les mains à l’eau chaude : « des obligations qui ne laissaient aucun doute quant à l’état de mon épouse lors de sa venue ».

« Il voit un appareil sur un trépied, il n’a aucun doute, on voit bien que c’est filmé » et pendant deux heures, il se livre à toutes formes de pénétrations : « tout un ensemble de choses à l’insu de mon épouse ».

Mardi, le président l’interroge : « Auriez-vous un intérêt à enfoncer Dogan ou un autre ? » « J’ai aucun intérêt sauf la vérité », assure Dominique Pelicot qui n’a lui pas fait appel de sa peine de vingt ans de prison.

Un procès sous tension et des témoignages accablants

Dans la matinée, le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse-Platière – qui a dirigé l’enquête de ce dossier hors norme – a dit n’avoir « aucun doute du fait qu’il [M.Dogan] ait eu pleinement conscience de l’état de la victime », sédatée préalablement par son ex-mari. « Toute personne qui voit les vidéos le comprend immédiatement. »

Lundi, à l’ouverture des débats, couverts par une centaine de journalistes du monde entier, Husamettin Dogan avait clamé : « Je suis là car je n’ai jamais voulu violer cette dame, que je respecte. » Ce dernier assure avoir cru participer au jeu consenti d’un couple libertin et affirme n’avoir « jamais su qu’elle était droguée », que son mari ne lui a « jamais dit ça ».

Entre 2011 et 2020, Dominique Pelicot a reconnu avoir régulièrement drogué aux anxiolytiques Gisèle Pelicot avant de la violer et la faire violer par des dizaines d’inconnus recrutés sur Internet. Le tout en filmant et archivant méticuleusement les actes commis sur Mme Pelicot dans leur maison.

En tout, 107 photos et 14 vidéos de cette soirée du 28 juin 2019, lors de laquelle Husamettin Dogan s’était rendu à Mazan, ont été retrouvées sur un disque dur de Dominique Pelicot, selon le chef d’enquête.

« Il n’y a aucune contrainte physique, aucune menace »

Sur plusieurs images, dont certaines seront finalement diffusées mercredi, l’accusé apparaît en compagnie de Dominique Pelicot en train d’effectuer des pénétrations vaginales, mais aussi des fellations forcées à Gisèle Pelicot, « inerte et ronflante ».

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Le commissaire décrit notamment une scène pendant laquelle Mme Pelicot bouge légèrement, son agresseur se retirant immédiatement. « On comprend qu’il s’inquiète de l’éventuel réveil de sa victime et se fige dans une position d’attente. Au bout de trente secondes, voyant que c’était un réflexe dû à la douleur ou à la gêne, il va réintroduire son sexe dans son vagin. »

« Il est clair que les deux hommes agissent de manière très prudente, minutieuse, de manière à ne pas faire de bruit », a martelé M. Bosse-Platière. Et, selon le directeur d’enquête, si Dominique Pelicot a pu être « un peu directif », « il n’y a aucune contrainte physique, aucune menace », comme l’affirme l’accusé.

« Je n’ai jamais forcé qui que ce soit, ils n’ont jamais eu besoin de moi », a lancé Dominique Pelicot.

Le procès doit se poursuivre mercredi avec l’interrogatoire de l’accusé et l’intervention très attendue de Gisèle Pelicot, devenue un symbole de la lutte contre les violences sexuelles. Le verdict, initialement prévu mercredi soir, sera plus probablement rendu jeudi étant donné les retards pris à l’audience.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Irène Théry, sociologue : « Le procès des viols de Mazan a été marqué par le choc des contraires »

Le Monde avec AFP

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