Les attentats de janvier 2015 sont une demi-surprise pour les services de renseignement et de la justice chargés de la lutte antiterroriste. Comme le résume Bernard Bajolet, à l’époque directeur du renseignement extérieur (DGSE) : « Cela a été un choc pour nous, mais, depuis plusieurs mois, nous nous attendions à des attentats terroristes en France. Notamment à cause de ce qui se passait en Syrie et en Irak, même si l’attentat contre Charlie n’est pas lié au contexte syro-irakien. » En effet, la surprise principale de cet attentat tient à l’affiliation de ses auteurs, les frères Kouachi. Ils la livrent durant leur fuite, dans le 19e arrondissement de Paris, en s’emparant sous la menace du véhicule d’un automobiliste à qui ils lâchent : « On est avec Al-Qaida au Yémen. »

« A l’époque, on ne connaissait pas l’implication de Peter Cherif », explique l’ancien chef de la DGSE en parlant de ce membre de la filière des Buttes-Chaumont, condamné en octobre 2024 à la réclusion à perpétuité pour son appartenance à Al-Qaida dans la péninsule Arabique et son rôle dans l’attentat de Charlie. Bernard Bajolet n’aurait alors pas manqué de se souvenir d’avoir croisé son chemin lorsqu’il était ambassadeur en Irak (2004-2006). Un autre fil, macabre, rattache le haut fonctionnaire à l’attentat contre Charlie Hebdo. Le garde du corps du dessinateur Charb, le policier Franck Brinsolaro, était son officier de sécurité lorsque Bernard Bajolet a échappé de justesse à une tentative d’assassinat des talibans, à l’est de Kaboul, en juin 2011. Il a été abattu avant de pouvoir se défendre.

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