Livres. Il n’y a pas que les penseurs qui mûrissent leur écologie, les maisons d’édition aussi – en particulier l’éditeur Wildproject, qui s’est imposé depuis sa création, en 2008, comme l’un des grands importateurs en France des humanités environnementales. Après une décennie marquée par ce travail pionnier, l’éditeur indépendant basé à Marseille revendique un nouveau cap éditorial pour les années 2020 : penser la « sortie de la société industrielle » et la « mise en œuvre des sociétés écologiques ».

Cette ambition s’est traduite lors de la rentrée de septembre par le lancement de la collection « Architectures », qui entend imaginer la « recomposition écologique » de ce domaine avec deux titres : ces livres esquissent un programme dont Prendre la clef des champs (304 pages, 28 euros), du philosophe Sébastien Marot, serait la matrice et Villes terrestres (160 pages, 16 euros), le manifeste.

Ce dernier ouvrage, un « petit manuel d’écologie urbaine » concocté par le fondateur de Wildproject, Baptiste Lanaspeze, le géographe-urbaniste Paul-Hervé Lavessière et l’urbaniste Marion Schnorf, est l’aboutissement d’un travail au long cours qui avait trouvé une traduction avec l’Agence des sentiers : lancée en 2014 par Baptiste Lanaspeze et Paul-Hervé Lavessière, elle a créé des itinéraires de randonnée métropolitains pour arpenter autrement l’urbain et « préparer la descente énergétique des villes de demain ».

Lire aussi la tribune (2022) : Article réservé à nos abonnés « Il reste à inventer l’architecture bas carbone et du vivant, comme il a été inventé celle de la pierre et du béton »

« Descente énergétique » : là se trouve la pierre angulaire du projet d’écologie urbaine défendu par ces deux ouvrages. Cette approche identifie la « surabondance d’énergie » comme la source de l’hypertrophie des villes et lui oppose donc ce concept, qui contourne habilement le mot-obus de « décroissance ». La descente énergétique, soit la division, par cinq ou six, de la « consommation d’énergie des sociétés industrielles », est identifiée comme la « clef de voûte d’un projet de revitalisation écologique et sociale », lit-on en préambule de Villes terrestres.

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