Les discussions qui s’engagent ce lundi 28 octobre au Parlement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025 seront cruciales pour l’avenir de notre système de santé. Le cancer demeure encore aujourd’hui la première cause de décès prématurés en France. Pour autant, la copie actuelle proposée par le gouvernement manque clairement de courage.

En ne ciblant pas les responsables des facteurs de risque de maladie, il fait porter uniquement la charge sur les personnes malades, en introduisant une hausse des franchises, et complexifie le critère de pertinence des prescriptions – ce qui engendrera in fine des refus de remboursement de la part de l’Assurance-maladie. C’est la double peine pour les Français atteints de cancer, dont certains risquent de renoncer progressivement à leurs soins.

« Faire plus avec moins » est l’orientation donnée par le gouvernement, qui entend l’appliquer à notre système de santé. Or, plus de prévention, c’est moins de personnes malades, donc une baisse des dépenses de santé. Alors que, d’après le rapport du Centre international de recherche sur le cancer (juin 2018), 40 % des cancers sont évitables, la prévention reste le parent pauvre de nos politiques publiques de santé. Nous avons la conviction qu’investir dans la prévention pourrait permettre à l’Etat et à la Sécurité sociale de réaliser assez rapidement les économies tant recherchées.

Instauration d’un prix minimal sur l’alcool

Pourquoi attendre ? Il est utile de rappeler que les maladies liées au tabac et à l’alcool coûtent chaque année plusieurs milliards d’euros à l’Etat : les dépenses publiques de santé liées à la consommation d’alcool (7,8 milliards d’euros) sont deux fois plus élevées que les recettes liées à sa vente (4 milliards d’euros). Pourquoi ne pas demander une contribution aux industriels participant à la hausse des cancers en France plutôt que des économies sur les patients qui en souffrent ?

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Rien n’est incurable, surtout en matière fiscale. La Ligue contre le cancer se bat depuis plus d’un siècle contre cette maladie. Loin d’être enfermés dans nos convictions, nous appelons les parlementaires à s’emparer du récent rapport sénatorial (rapport d’information n° 638 [2023-2024], déposé le 29 mai 2024) qui préconise de réinvestir le champ de la fiscalité dite « comportementale ». Taxer les produits sucrés, le tabac et l’alcool, c’est allier politique de santé publique en faveur des citoyens et recettes budgétaires pour l’Etat.

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De telles mesures ont été appliquées avec succès dans d’autres parties du globe. Nous demandons ainsi l’instauration d’un prix minimal sur l’alcool, permettant de limiter sa vente en grande quantité ou en promotion, méthode qui a fait ses preuves en Ecosse. Cela contribuerait à diminuer rapidement les dépenses de santé en préservant des vies : moins d’accidents, moins de personnes aux urgences, moins de violence et moins de cancers ultérieurs.

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