Les livres d’histoire se souviendront peut-être de 2025 comme de l’année de la grande bascule. Celle où la démocratie américaine, dirigée par Donald Trump, flanqué du tout-puissant Elon Musk, aura pris un tournant illibéral. Celle où les pays occidentaux, sous la pression de l’extrême droite, quinauds face au mécontentement de leur population lessivée par des années de désindustrialisation puis d’inflation, auront renoncé aux efforts indispensables pour limiter le désordre climatique. Celle où la page du libre-échange d’après-guerre se sera refermée, au profit de la loi du plus fort.

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Celle, encore, où l’Union européenne (UE) aura signé son arrêt de mort par décomposition – ou bien engagé son sursaut. Sur ce point, les mois à venir seront déterminants. Les Européens devront choisir entre deux voies : celle de la solidarité renforcée, qui leur permettra de défendre leurs valeurs et leurs intérêts communs face au chaos à venir, ou celle du chacun pour soi, incarnée par le jeu bilatéral avec les autres puissances. Voie qui marquerait la fin de l’aventure entamée en 1950 avec la déclaration de Robert Schuman.

Passons sur la liste presque sans fin des défis politiques que le Vieux Continent doit relever – conflit en Ukraine, guerre hybride avec la Russie, interférences politiques d’Elon Musk, montée de l’extrême droite – pour nous concentrer sur les défis économiques, en eux-mêmes suffisants pour le mettre à l’épreuve.

Risque de stagnation

Ces derniers ont été âprement résumés par le rapport publié par Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne, en septembre 2024. Le modèle économique de l’Europe, qui reposait autrefois sur l’énergie peu chère permise par le gaz russe et les exportations, a du plomb dans l’aile. Son moteur, l’industrie automobile allemande, est laminé par le rouleau compresseur chinois. L’Europe accumule un retard important en matière de compétitivité à l’égard des Etats-Unis. Sa population active diminue. Son marché intérieur est trop fragmenté. Elle n’investit pas assez dans l’innovation et la défense. Si elle ne réagit pas rapidement, elle se condamne à la stagnation.

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