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Le terme « management » ? « Une fumisterie ». Dès les premières lignes de son ouvrage, Norbert Alter donne le ton. Avec Pour en finir avec le machin (Editions EMS), le sociologue qui a exercé au Conservatoire national des arts et métiers à Paris-Dauphine, auteur de plusieurs essais sur le monde du travail, propose un virulent pamphlet contre les pratiques managériales – rebaptisées pour l’occasion « le machin ».

Un parti pris mené sous une forme originale : l’auteur s’autorise, pour cette dernière livraison, une approche romancée, mettant en scène Frédéric, un consultant qui revient sur plus de trente années de conseil en entreprise. Le propos se veut volontiers provoquant et n’est pas dénué d’humour. Il jette une lumière crue sur le monde du consulting en management, dont les interventions apporteraient, in fine, davantage de problèmes que de solutions aux organisations.

Frédéric n’a plus la foi. L’a-t-il d’ailleurs jamais eue ? Pilotage d’une entreprise de charcuterie industrielle, refonte de la gestion des compétences dans une société informatique, définition de la stratégie de communication interne de dirigeants d’entreprise… Lors de ses multiples missions, il délivre un prêt-à-penser et à agir aux organisations. Procédure, indicateurs… Tout est fait pour « anénti[r] l’incertitude », résume-t-il.

Effets délétères sur les salariés

Problème : il perçoit que ces stratégies, si elles rassurent les dirigeants, ont des effets délétères sur les salariés. Elles réduisent tout d’abord considérablement leurs marges de manœuvre et leur possibilité d’adapter les consignes données, afin de mener à bien leurs missions.

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C’est ainsi tout l’écart, nécessaire, entre le « travail prescrit » et le « travail réel » qui est menacé. Avec le « machin », les organisations se privent par conséquent des idées qui émergent du terrain. « Plutôt que de tirer parti des trésors de compétence collective qui assurent le bon fonctionnement des organisations, on les broie », explique le narrateur, désabusé.

Ce faisant, l’obsession du respect des protocoles réduit les interactions, souvent informelles, qui caractérisent le monde du travail. Le « machin » « extirpe les liens sociaux (…) en interdisant aux individus de vivre spontanément leur rapport aux autres, au job, à la boîte ».

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Pour les salariés, ces évolutions sont sources de désenchantement et de souffrances. Norbert Alter décrit, au fil des pages, des travailleurs « silencieux et blessés, repliés ». Il relie ces situations aux travaux de sociologie montrant que l’amoncellement de procédures « empêch[e] les gens de faire leur boulot intelligemment et avec cœur ». Le travail perd de son sens. La motivation des collaborateurs s’émousse et menace leur « engagement spontané ».

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