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« On se croirait dans un salon professionnel de la pétrochimie ! » Présent à Pusan (Corée du Sud) pour participer à la dernière session de négociations en vue d’un traité mondial visant à mettre fin à la pollution plastique, le député (MoDem, Maine-et-Loire) Philippe Bolo, auteur de plusieurs rapports de référence sur cette « bombe à retardement », ne cache pas sa stupéfaction. Au moins 220 représentants de l’industrie fossile et chimique sont accrédités, selon le décompte effectué par le Centre international pour le droit international de l’environnement. C’est plus que les représentants de l’Union européenne et de l’ensemble de ses Etats membres (191).

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Seize ont été identifiés au sein de délégations nationales (Chine, Iran, Kazakhstan, Malaisie, Egypte, Finlande…). La puissante American Chemistry Council, qui défend les intérêts de l’industrie chimique et en particulier de la plasturgie aux Etats-Unis, a dépêché pas moins de sept lobbyistes en Corée du Sud. Les multinationales américaines sont également présentes en force, avec respectivement cinq et quatre émissaires pour le géant de la chimie Dow et la major ExxonMobil.

La britannique Ineos, l’allemande BASF et la française Arkema ont envoyé chacune deux membres. Dans les couloirs du Centre d’exposition et de congrès de Pusan, on croise aussi des lobbyistes du géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé ou du groupe de pression européen Plastics Europe. La présence des lobbyistes de l’industrie pétrochimique n’a cessé de se renforcer depuis le début des négociations, il y a deux ans : ils étaient 143 à Nairobi en novembre 2023, 196 à Ottawa en avril 2024.

« Mascarade »

« Permettre aux entreprises de la pétrochimie d’exercer leur influence dans ces négociations revient à laisser les renards garder le poulailler, réagit Von Hernandez, le coordinateur du réseau international Break Free From Plastic. Leur présence démesurée menace de transformer un accord environnemental crucial en une mascarade, sapant ainsi les efforts sérieux déployés pour réduire la production de plastique et donc la pollution. » Philippe Bolo fait remarquer que « les intérêts de ces entreprises sont pourtant déjà bien représentés par la poignée de pays qui, sous couvert d’interventions dénonçant la forme et le fond des débats, refusent en fait le principe d’un traité international contre la pollution plastique ».

A trois jours de la fin des négociations, prévue dimanche 1er décembre, les discussions achoppent toujours sur la question cruciale de la production de plastique. Au rythme actuel, celle-ci devrait doubler d’ici à 2050, pour atteindre le milliard de tonnes par an. Une majorité de pays emmenés par la Coalition de haute ambition – dont fait partie l’Union européenne – soutient un traité qui fixe des objectifs de réduction.

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