« Soyez cruels, n’ayez pas de pitié » : l’enquête du « Wall Street Journal » sur le « système de torture » des prisonniers ukrainiens en Russie

Le Wall Street Journal a dévoilé, dans une enquête, un « système de torture » des prisonniers de guerre ukrainiens dans les prisons russes, mis en place dans les premières semaines de l’invasion à grande échelle, selon lequel les gardiens n’avaient « aucune restriction en matière de violence ». Le journal américain appuie son article sur des témoignages de trois anciens employés du service fédéral pénitentiaire en Russie, et aussi sur ceux d’anciens prisonniers.

« Soyez cruels, n’ayez pas de pitié pour eux », a ainsi ordonné Igor Potapenko, le chef des prisons de Saint-Pétersbourg, lors d’une réunion, dans les premières semaines de la guerre, avec les forces spéciales pour leur présenter le nouveau système de détention des Ukrainiens capturés. « Les règles habituelles ne s’appliquent pas, leur a-t-il dit. Il n’y a aucune restriction concernant la violence. Les caméras piétons, obligatoires dans le système pénitentiaire russe, ne le seront pas ici », rapporte le Wall Street Journal, qui ajoute que ces gardiens d’élite avaient interprété les instructions de M. Potapenko comme « une carte blanche à la violence », citant deux anciens employés.

Ces gardes ont alors « poussé leurs mauvais traitements des Ukrainiens à un autre niveau avec la croyance d’avoir la permission de leur hiérarchie », selon un autre ancien gardien. Parmi les sévices, le journal américain cite des chocs électriques infligés aux organes génitaux « jusqu’à ce que les appareils n’aient plus de batterie », des coups portés pour « infliger le maximum de dommages » ou encore le retardement ou le refus d’administration de traitements médicaux « pour permettre à la gangrène de s’installer, forçant les amputations ».

Cette violence débridée doit servir, selon d’anciens gardiens et des militants des droits de l’homme au Wall Street Journal, à rendre les prisonniers plus « malléables » pendant les interrogatoires et à « casser leur volonté de se battre ». La publication américaine cite Pavel Afisov, fait prisonnier dans les premières semaines de la guerre, à Marioupol. Il a été emprisonné pendant deux ans et demi, forcé à subir un « examen médical » entièrement nu et sous le joug d’un pistolet électrique, et roué de coups lorsqu’il ne pouvait pas chanter, toujours nu, les hymnes russe et soviétique.

Le service fédéral pénitentiaire n’a pas commenté l’article du Wall Street Journal, et le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé que les généralisations, à partir de cas précis, sur les conditions de détention en Russie étaient infondées. « Il faut regarder les cas individuellement. »

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