Pendant une demi-seconde, on s’est demandé si l’interview n’était pas en train de déraper. La voix de Ben (les personnes interrogées ont souhaité rester anonymes) s’est d’un coup faite chaude, convaincante : « Tu sais, j’ai besoin de quelqu’un sur qui je peux compter. J’ai besoin de toi. Tu veux bien être ma compagne ? » Le trentenaire était en train de détailler comment, d’un quartier populaire de Lagos et au moyen d’une subtile mise en scène, il fait chavirer à des milliers de kilomètres le cœur de ses « clients » et « clientes » — comme les arnaqueurs nigérians appellent leurs victimes.

Ben est réparateur de générateurs. Mais, ce revenu étant trop maigre, il s’est lancé depuis deux ans dans l’arnaque à l’amour – l’une des fraudes en ligne les plus répandues au Nigeria. « Quand je me lève le matin, je prends de tes nouvelles, je vérifie que tu vas bien, si tu as besoin de quelque chose… J’apprends à tout savoir de toi », poursuit-il, installé sur une chaise en plastique au milieu d’un dédale de réduits en tôle. Dans la chaleur écrasante, deux hommes sont allongés au sol, à moins de 1 mètre. Le plus important, continue Ben sans s’en inquiéter, « c’est d’instaurer la confiance ».

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