Médecin oncologue radiothérapeute, Philippe Bergerot, 69 ans, a exercé à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) jusqu’à sa retraite en 2023. Il a rejoint la Ligue contre le cancer en 1998, à la suite des premiers Etats généraux des personnes touchées par cette maladie. En mai 2024, il a succédé à Daniel Nizri à la présidence de l’association et briguera sa réélection fin juin. Entretien avec un fervent défenseur des droits des patients.

Lors de votre élection, vous avez insisté sur le besoin d’améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patients atteints de cancer. Quel constat faites-vous ?

J’ai connu l’époque où le cancer était une maladie quasiment mortelle à chaque fois… Il s’agit désormais d’une maladie chronique, avec des traitements comme les hormonothérapies qui peuvent durer jusqu’à dix ans. C’est une véritable révolution. Mais pour les quelque 4 millions de Français qui actuellement vivent ou ont dû vivre avec la maladie, le parcours de soins est toujours très compliqué. A côté des soins médicaux, il faut s’occuper de la personne : les patients ont besoin d’un accompagnement, qu’on les aide à « supporter » leurs traitements. Or, le constat actuel est plutôt celui d’un recul des droits et d’une hausse des inégalités au sein du système de santé.

Vous avez justement publié cette année un manifeste pour alerter sur ces inégalités…

Nous avons monté un collectif de personnes malades et de proches aidants en novembre, à l’occasion d’un bilan des Etats généraux, afin de faire remonter la voix des patients sur le terrain. Ceci a conduit à l’élaboration d’un manifeste qui a été remis en février au président de la République, avec dix recommandations allant du dépistage à la fin de vie, en passant par l’accès au médicament, l’accès au soin, la suppression du reste à charge, le retour à l’emploi ou encore la reconnaissance du rôle des aidants. On s’est, par exemple, rendu compte, au travers d’un certain nombre d’enquêtes, qu’encore un tiers des patients n’avaient pas bénéficié d’une consultation spécifique pour l’annonce de leur diagnostic, et que, par ailleurs, le temps consacré à cette annonce était bien souvent inférieur à quinze minutes.

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