Phil Mickelson, sur le 14ᵉ trou du Royal Portrush, en Irlande du Nord (Royaume-Uni), le 15 juillet 2025.

Le journaliste américain Alan Shipnuck a beau couvrir l’actualité du golf depuis plus de trente ans, s’être rendu à des dizaines de tournois auxquels a participé Phil Mickelson, l’avoir interviewé de manière plus ou moins formelle à de multiples reprises, son constat est simple : « Après trois décennies, Mickelson reste une énigme », écrit-il à la fin de la biographie – sortie en juin en France – qu’il consacre au célèbre golfeur californien (Phil Mickelson, la face cachée de l’ex-numéro 2 mondial, Talent éditions, 368 p., 22,90 euros).

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La conclusion d’Alan Shipnuck est un petit excès de modestie, car son livre permet d’en apprendre beaucoup sur « Lefty », ce droitier maniant les clubs de la main gauche, de ses débuts dans le jardin familial de San Diego (Californie) jusqu’aux greens les plus prestigieux de la planète, sur lesquels il a notamment conquis six Majeurs, l’équivalent des tournois du Grand Chelem en tennis. A 55 ans, Phil Mickelson n’est plus cité parmi les favoris quand il place sa balle sur le tee de départ. Mais il sera tout de même en lice pour le dernier Majeur de la saison, le British Open, organisé du jeudi 17 au dimanche 20 juillet sur le parcours du Royal Portrush, en Irlande du Nord (Royaume-Uni).

Exemple de longévité, Mickelson a aussi été considéré comme un phénomène de précocité à ses débuts sur le circuit. Jusqu’à ce que Tiger Woods, de cinq ans et demi son cadet, viennent bouleverser le monde du golf. Difficile de faire meilleure dualité que celle entre le pragmatique Woods et le flamboyant Mickelson. « Phil veut frapper un coup incroyable, mais tout ce que veut Tiger, c’est frapper un bon coup », résume un fin connaisseur de la petite balle blanche interrogé par Alan Shipnuck.

La relation entre Woods et Mickelson – passée de la rivalité cordiale à une franche haine, puis à une amitié – est un des fils rouges du livre. Tout comme la propension de Mickelson à saboter lui-même sa réputation. A chaque fois qu’il a fait la « une » des médias sportifs pour ses exploits, « Lefty » s’est aussi fait une place dans la presse à scandale, comme lorsque son nom a été cité dans une affaire de délit d’initiés, en 2016.

Quarante millions de dollars dilapidés en paris

La passion (ou plutôt l’addiction) de l’Américain pour les jeux d’argent – qui l’a obligé à suivre une thérapie – a aussi parfois occulté ses performances. Certaines des anecdotes égrainées par Alan Shipnuck prêtent à sourire, comme l’histoire de l’oreillette et de la radio que Mickelson a cachées sous ses vêtements, en 2001, en plein tournoi, pour suivre le Super Bowl – la finale du championnat de football américain – sur lequel il avait misé 20 000 dollars, qui lui en ont finalement rapporté 560 000. Mais « la banque gagne toujours », rappelle l’auteur, et a même beaucoup gagné avec Mickelson, qui a dilapidé plus de 40 millions de dollars entre 2010 et 2014 dans les paris.

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Pour éponger de telles pertes, le golfeur de San Diego a pu compter sur de juteux contrats de sponsoring et des gains en tournois colossaux. Une bonne partie de ces compétitions sont contées dans le livre d’Alan Shipnuck, à grand renfort de termes techniques et de détails. Les amoureux de golf apprécieront. Les novices dans la discipline risquent d’avoir plus de mal à ne pas décrocher, d’autant que les nombreux experts intervenant dans la biographie ne sont que trop rarement présentés, et difficilement identifiables pour un lecteur français.

Tête d’affiche du circuit dissident, le LIV Golf

Le plus frustrant dans Phil Mickelson, la face cachée de l’ex-numéro 2 mondial est peut-être son timing de publication. Traduction de Phil : The Rip-Roaring (and Unauthorized !) Biography of Golf’s Most Colorful Superstar (« Phil : la biographie délirante (et non autorisée !) de la superstar la plus haute en couleur du golf »), la version française, comme celle sortie aux Etats-Unis en 2022, s’interrompt au moment où l’argent du Moyen-Orient commence tout juste à dégouliner sur le monde du golf, avec la naissance d’un circuit professionnel dissident, le LIV Golf, lancé par l’Arabie saoudite, dont Phil Mickelson est l’une des premières têtes d’affiche.

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« Ce sont des enfoirés terrifiants », avait pourtant confié le Californien à Alan Shipnuck, au sujet des Saoudiens, en novembre 2021. Ce qui n’a pas empêché Phil Mickelson d’aider activement à la création du LIV, sous prétexte de secouer le PGA Tour – le circuit professionnel nord-américain – en forçant ses dirigeants à mieux rémunérer les joueurs. Une fois encore, le choix du clivant « Lefty » n’a pas fait l’unanimité. Financièrement, Phil Mickelson y a trouvé son compte. Grâce à l’argent saoudien, il a culminé en tête du palmarès des golfeurs les mieux payés du monde en 2022, avec 138 millions de dollars, selon Forbes. Le Californien est encore 10e dans le classement publié en juin, alors que ses derniers succès remontent à 2021.

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