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LE SEXE SELON MAÏA

Selon les résultats de la dernière enquête « Contexte de la Sexualité en France » réalisée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 87 % des Français ont déjà pratiqué le cunnilingus et la fellation. Ce qui signifie que dans notre beau pays, neuf personnes sur dix acceptent qu’on regarde en gros plan leurs parties génitales.

Cette banalisation du sexe oral signifie-t-elle que nous sommes totalement sereins au moment de faire tomber notre slip à motifs léopard – sans jamais anticiper ni redouter le jugement de l’autre ?

Pas sûr. Dans un sondage Essity de 2018, 44 % des femmes interrogées étaient embarrassées par leur vulve, et 57 % estimaient être sous pression pour que leur sexe corresponde à une certaine apparence. Même chiffre à peu près chez les hommes : d’après une grande étude de la Porterbrook Clinic et du Royal Hallamshire Hospital publiée en 2007, 45 % des répondants masculins n’étaient pas satisfaits de la taille de leur pénis.

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Ces anxiétés sont récentes. Il y a encore quelques dizaines d’années, notre intimité échappait à tout standard esthétique. La fellation se pratiquait plutôt avec des travailleuses du sexe, le cunnilingus n’avait pas intégré les pratiques usuelles. Le féminisme n’avait pas enjoint les femmes à l’auto-exploration, la pornographie n’avait pas convaincu les hommes qu’un beau pénis mesure forcément 18 centimètres. Et puis il y a la question des poils : aujourd’hui, les trois quarts des femmes s’épilent tout ou partie du sexe, et plus de la moitié des hommes (IFOP, 2021)… Or cette « mise à nu » rend beaucoup plus visibles la forme, la texture, la couleur et le relief des organes génitaux, jusque dans les moindres détails.

La norme est entrée dans nos sexes

A force de visibiliser nos sexes, nous avons appris à les comparer, à les hiérarchiser et même à les critiquer. Les pires jugements ne sont pas ceux de nos partenaires, ni même les nôtres mais les jugements que nous projetons depuis un interlocuteur imaginaire extérieur. La norme n’est pas seulement rentrée dans la chambre à coucher, elle est entrée dans nos sexes. Et elle n’a pas l’air décidée à prendre congé.

C’est cette norme qu’a choisi d’explorer la psychologue clinicienne Sara Piazza dans son passionnant essai Nymphoplastie (paru tout récemment aux éditions Maison des Sciences de l’Homme, 12 euros, 252 pages). Après s’être entretenue avec des dizaines de patientes venant consulter pour une réduction des lèvres mineures, Sara Piazza a rassemblé et documenté leurs motivations – révélatrices non seulement de notre relation aux organes eux-mêmes, mais aussi de notre rapport à la sexualité, à la féminité, à la maternité.

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