Pedro Pinho, réalisateur et scénariste, lors de la 78ᵉ édition du Festival de Cannes, le 18 mai 2025.

Quelques jours avant notre rencontre dans un hôtel parisien, Pedro Pinho dégustait des huîtres avec un verre de vin blanc à La Rochelle, quand un ami lui a rappelé que les charmes cossus de la ville côtière devaient beaucoup à la traite atlantique. « C’est délicieux et horrible en même temps, commente-t-il. Nous, les Européens, pouvons goûter à ce plaisir, les pieds sur les os des esclaves. On ne peut pas fuir ça. » Le réalisateur, né à Lisbonne en 1977, a beau se sentir fondamentalement apatride, il a conscience que certains privilèges l’obligent à assumer l’héritage qui va avec.

Alors, depuis un peu plus d’une quinzaine d’années, cet altermondialiste fait œuvre contre, assumant un regard critique sur le Vieux Continent. « Je l’ai compris assez tard, mais ce qui est toujours en jeu dans mes films, c’est cette idée de l’Europe qui s’impose au reste du monde. C’est le cœur de beaucoup de problèmes de l’humanité. L’Europe est une machine de guerre qui fait des dégâts partout depuis des siècles. » Son nouveau long-métrage, Le Rire et le Couteau, exploration de ce qu’il reste de la faille coloniale en Guinée-Bissau à travers les aventures d’un ingénieur environnemental portugais, ne fait pas exception.

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