Lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, le 26 juillet 2024, évocation de Marie-Antoinette devant la Conciergerie.

Patrick Boucheron est historien, médiéviste spécialiste de l’Italie en particulier. Professeur au Collège de France, il a participé à l’organisation des Jeux olympiques de 2024 à Paris en coscénarisant la cérémonie d’ouverture, où l’histoire de France irrigue le parcours et la mise en scène. Il est l’auteur de dizaines d’ouvrages, dont Histoire mondiale de la France (Seuil, 2017).

Que vous a inspiré le titre des Rendez-vous de l’histoire de cette année, « La France ? » ?

Je trouve bien de mettre les pieds dans le plat et de faire l’inventaire de nos différences vis-à-vis de l’histoire nationale, de manière apaisée, scientifique, méthodologique. Car aujourd’hui, l’histoire est la pomme de discorde dans la guerre culturelle. Celle-ci s’exaspère autour des imaginaires politiques, qui sont en France des imaginaires historiques. De plus, nous sommes confrontés, depuis janvier, aux attaques de Donald Trump sur la science. On comprend qu’au-delà des chiffons rouges qu’elle agite (le wokisme notamment), cette offensive vise la culture scientifique d’une manière générale, en tant que pilier de la démocratie. Or, la démocratie n’est pas seulement un régime, c’est une tâche à accomplir, et celle-ci n’est plus possible si le débat public est à ce point dégradé. Et ce qui abîme l’espace de discussion, ce sont bien les entreprises systématiques de dénigrement de la scientificité des discours de savoir, et notamment ceux que portent les sciences sociales, sur l’air du « ce n’est que de l’opinion, de l’idéologie, en réalité l’université est gangrenée par… »

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