L’écrivaine américaine Maggie Nelson, à Rome, en 2023.

« Pathemata ou l’Histoire de ma bouche » (Pathemata. Or, the Story of My Mouth), de Maggie Nelson, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, Sous-sol, 80 p., 19,50 €, numérique 14 €.

Dans son nouveau livre, Pathemata, Maggie Nelson se souvient des contractions pendant son accouchement. La sage-femme lui avait conseillé de se concentrer sur les moments de répit entre deux pics de douleur. Elle lui disait de puiser de la force dans ce répit avant le prochain. « Il doit y avoir une leçon de vie là-dedans », note l’écrivaine américaine mentalement, pour plus tard, sans savoir de quoi il pourrait bien s’agir. Il y a dans l’œuvre de Maggie Nelson une soif constante de connaissance, une soif irrépressible, joyeuse, qui fait qu’au milieu du chaos ou de la détresse elle est encore capable de réfléchir au sens de ce chaos. Sa quête de vérité s’inscrit dans le concret de l’existence, dans le flux incessant des métamorphoses qui affectent les corps et les esprits.

Est-ce qu’il peut y avoir quelque chose à apprendre de la douleur ? Est-ce vraiment pour rien que l’on souffre ? Et s’il en est ainsi, ne pourrait-on au moins s’en servir comme d’un tremplin pour aller quelque part, comme un passage vers un ailleurs ? Mais vers où ? Vers quoi ? Le titre du livre vient de là, de ce cheminement de pensée, inspiré d’un proverbe grec : « Pathemata Mathemata » (« souffrance apprentissage »), c’est-à-dire un glissement, d’une lettre à l’autre, qui fait passer de la souffrance à l’apprentissage ; et qui fait supposer qu’en souffrant on apprend, ou que pour apprendre il faut souffrir, ou qu’il y a en tout cas une relation de proximité entre les deux expériences.

Il vous reste 68.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version