« Il n’y a pas eu d’alerte avant la première frappe », samedi matin à Kiev

Daria va chercher son téléphone. « Il était 6 h 02 quand les frappes m’ont réveillée. J’en suis certaine », dit-elle en montrant les appels passés immédiatement « à ma mère, qui vit en Europe, puis mon père – ils dormaient – et enfin à ma sœur, qui a répondu. Je faisais une crise de panique ». Samedi au petit matin, trois explosions ont retenti à Lukianivka, dans le centre de Kiev. Un missile balistique a touché un quartier peuplé de la capitale ukrainienne concentré autour d’une station de métro, d’un marché, d’immeubles d’habitation, d’une usine et d’une tour de bureaux. Le bilan, samedi en milieu de journée, s’élevait à trois morts.

Quelques heures plus tard, un drone de la police survole les lieux où les ambulances ont fini de s’activer et où résonnent déjà scies et perceuses. Les frappes ont fait voler en éclats carreaux et vitrines alentour, ainsi qu’un kiosque vendant bonbons et cigarettes. « Il n’y a pas eu d’alerte avant la première frappe. Je dormais avec mon chien dans le lit », poursuit Daria, 34 ans, toute tremblante dans son studio du douzième étage d’un vieil immeuble soviétique, à quelques dizaines de mètres seulement du lieu de l’explosion. Celle-ci a fait trembler tout le quartier à deux kilomètres à la ronde.

« J’étais réfugiée dans la salle de bains quand la seconde frappe a soufflé toutes mes fenêtres », ajoute la jeune femme originaire de Crimée et installée depuis dix-sept ans à Kiev, où elle est employée dans une association humanitaire. Son chien s’est caché derrière la machine à laver, elle s’est assise sur les toilettes, fumant cigarette sur cigarette. « J’avais déjà réparé mes fenêtres en septembre 2023, dit-elle. Une explosion, mais je m’étais réfugiée dans le métro. » Un ami est venu l’aider à fixer une bâche en plastique sur ses fenêtres, pour protéger son studio du froid.

Une personne pose une bâche en plastique sur une fenêtre d’un immeuble après l’attaque russe sur le quartier de Lukianivka dans le centre de Kiev, le 18 janvier 2025.

Ariane Chemin, envoyée spéciale à Kiev

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