C’est à contre-courant des idées reçues sur les travailleurs français, qui ont la réputation d’être très efficaces sur leur temps de travail. La députée socialiste du Tarn, Valérie Rabault, a affirmé jeudi 9 mars sur Radio J que “la productivité française est en train de s’effondrer”.
“Taxer les super profits, ça ne met pas en difficulté la compétitivité des entreprises, c’est taxer de la rente.”@Valerie_Rabault, Vice-présidente de l’Assemblée nationale, députée Ps du Tarn et Garonne, au micro de @C_Barbier pic.twitter.com/xqtyV74nKc
— RADIO J (@RadioJFrance) March 9, 2023
Est-ce que la richesse créée par salarié est beaucoup plus faible qu’avant ?
La France derrière l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne
Si la productivité ne “s’effondre” pas, elle est en effet en net recul depuis la crise du Covid. D’après l’Insee, la productivité “par tête” a baissé de 3,8% par rapport à 2019, année de référence avant la crise sanitaire. En la matière, la France est derrière l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne, des pays qui connaissent une dynamique à la hausse.
Pour expliquer cette baisse, l’Insee avance une hypothèse : le succès de l’alternance, encouragée par le gouvernement depuis 2018. En quatre ans, on est passé de 700 000 à 1,1 million d’alternants. Les patrons les préfèrent de plus en plus souvent aux stagiaires qui, même s’ils produisent du travail et donc de la richesse, ne sont pas comptés dans les effectifs de l’entreprise. Ces alternants sont bien comptabilisés par le ministère du Travail et représentent 4% de l’emploi salarié.
Or, ces alternants sont moins productifs, et ce pour deux raisons. D’abord, par définition, ils sont moins formés, donc plus lents. Par ailleurs, les instituts statistiques les comptent comme des salariés à temps plein. Mais dans la réalité, les alternants passent une bonne partie de ce temps en cours : autant de jours pendant lesquels ils ne créent pas de richesse. Donc mécaniquement, embaucher des alternants fait baisser la productivité.
Des salariés invisibles sont désormais déclarés
Cette baisse de la productivité pourrait aussi s’expliquer par la crise sanitaire, d’après l’Insee. Beaucoup de patrons ont déclaré des salariés qui travaillaient pour eux au noir, pour pouvoir bénéficier du chômage partiel. Autant de personnes qui étaient invisibles aux yeux des instituts, qui comptent donc désormais plus de salariés pour la même richesse produite.
Enfin une autre explication possible : la tension de main-d’œuvre en ce moment.
Même quand il y a peu de travail, les patrons préfèrent ainsi maintenir leurs salariés plutôt que de les licencier. Ils ont peur de ne pas retrouver le même profil. Les employés gardent donc leur poste mais produisent moins.