La fillette, enlevée devant son école jeudi matin, a été retrouvée vendredi au Danemark. Son père et le complice de celui-ci ont été interpellés.
Une enquête rondement menée. Eya, fillette de 10 ans enlevée jeudi, a été retrouvée, vendredi 26 mai, au Danemark, a annoncé le procureur de Grenoble (Isère). Son père et son complice, les suspects dans cette affaire, ont été interpellés. Des mandats d’arrêt européen avaient été délivrés contre les deux hommes, les autorités étant convaincues qu’ils avaient réussi à gagner l’étranger avec l’enfant.
Franceinfo fait le point sur ce que l’on sait de cette affaire.
Que s’est-il passé ?
Eya, une fillette de 10 ans, a été enlevée devant son école, à Fontaine, une commune de la banlieue grenobloise. La scène s’est déroulée jeudi, peu avant 8h30. L’enlèvement a eu lieu devant un établissement scolaire, boulevard Joliot Curie. La mère de la fillette marchait dans la rue avec elle en direction de l’école lorsqu’elles ont été arrêtées par deux personnes, le père de famille et “un complice encagoulé”. Ces deux individus ont aspergé la mère de famille de gaz lacrymogène et ont emmené la petite fille.
“Je n’y voyais plus rien, je n’arrivais plus à respirer…” raconte la mère d’Eya dans Le Dauphiné libéré. “J’ai essayé de ramener ma fille derrière moi, mais mon ex-mari l’a attrapée par les cheveux et l’a fait monter de force sur la banquette arrière avec lui.” Alertés par les hurlements, des témoins ont alors prévenu les secours.
“Pour sa vie, je ne suis pas inquiet en réalité, mais elle a subi des violences ce matin quand son père l’a forcée à rentrer dans la voiture.”
Eric Vaillant, procureur de la République de Grenoblesur franceinfo
A quoi ressemble la fillette ?
Eya, 10 ans, est née en Tunisie où sa mère était partie faire ses études et s’est mariée en 2012. Elle a la double nationalité franco-tunisienne. “Eya, c’est une petite fille pétillante, toujours à sourire, à dire bonjour”, raconte une parente d’élève dans Le Parisien. Au moment des faits, la fillette était “habillée d’un pantalon noir avec des petites fleurs blanches, une veste marron avec des manches blanches, de type veste de football américain, portant des chaussures noires, dont l’une est manquante”.
Que sait-on du père de famille ?
“Amira [la mère d’Eya] m’a dit que son mari était violent avec elle et sa fille, qu’il était imprévisible. C’est pour ça qu’elle a quitté la Tunisie en 2018 pour venir dans les environs de Grenoble”, raconte une amie de la maman, toujours dans Le Parisien.
“Le père avait interdiction d’approcher la petite, mais Amira restait toujours sur ses gardes. Elle attendait toujours que sa fille entre dans l’école avant de repartir. Son mari avait déjà proféré des menaces.”
Une amie de la mère d’Eyadans “Le Parisien”
Le père de la fillette, Khaled Sassi, 53 ans, a “des yeux de couleur marron”. “Il est vraisemblable” que le père de la petite Eya “cherche à quitter la France”, avait estimé Eric Vaillant sur franceinfo. “C’est évident, car le papa a une double nationalité suédoise et tunisienne”, a précisé le procureur de Grenoble. La suite lui a donné raison puisque l’intéressé a été interpellé vendredi au Danemark, en compagnie de son complice et de l’enfant.
Pourquoi l’alerte enlèvement a-t-elle été déclenchée puis levée ?
Le procureur de la République de Grenoble a justifié le déclenchement de l’alerte enlèvement par le fait qu’il s’agit d’un “enlèvement qui a été préparé”. “La mère a été gazée, le père était accompagné d’un homme cagoulé, tout ça devant l’école de la fillette”, a-t-il expliqué. Selon lui, “l’école n’était pas si pleine que ça à 8h25 ce jeudi matin, donc il n’y a pas trop de témoins” de la scène.
L’alerte a permis à la police judiciaire, chargée de l’enquête, de recevoir environ 70 messages, dont certaines sont encore en cours d’exploitation, explique le procureur à France Télévisions. “Tous les services de police européens [ont] déjà été contactés et mis en place les dispositifs utiles pour intercepter le père de famille, son complice et la petite fille s’ils se présentent à leurs frontières”, avait fait savoir le procureur, hier, sur franceinfo.
Quelles sont les suites de l’enquête ?
Une information judiciaire a été ouverte vendredi pour “violences aggravées sur la mère de l’enfant”, “violences” sur la mineure pour les deux mis en cause, “soustraction par ascendant” pour le père et “complicité de soustraction par ascendant” pour son complice, a annoncé le procureur.