Guillaume Marbeck (Jean-Luc Godard), Zoey Deutch (Jean Seberg) et Aubry Dullin (Jean-Paul Belmondo)  dans « Nouvelle Vague », de Richard Linklater.

L’AVIS DU « MONDE » – A NE PAS MANQUER

De phénomène marginal, le biopic est aujourd’hui devenu un genre majoritaire et incontournable de l’industrie cinématographique. Plus aucun pan de l’histoire culturelle ne semble pouvoir lui échapper : chaque moment historique, chaque vie d’artiste, devra désormais se laisser dévorer par le spectacle de l’embaumement. L’omniprésence du genre nous dit aussi quelque chose des spectateurs que nous sommes devenus : que nous reste-t-il à éprouver, devant un film ? Et le biopic, d’essence funèbre, de répondre : la nostalgie, comme affect de notre temps, qui croit bien plus au passé qu’aux possibilités du présent.

Face à ce constat, Nouvelle Vague, de Richard Linklater, s’avère être la première occurrence de ce qui pourrait être un biopic entièrement du côté de la vie, préférant célébrer le présent plutôt que d’ériger des mausolées.

On présentera succinctement Linklater, cinéaste important à l’œuvre aux mille visages : elle est expérimentale sans être intimidante, auteuriste et populaire. Si d’un film à l’autre l’homme s’astreint à ne jamais se répéter, on décèle chez lui une constante : le cinéma lui sert d’outil pour expérimenter sur la matière « temps ». Nouvelle Vague serait alors son expérience sur le temps mythique du biopic. Sur la table d’opération : rien de moins que Jean-Luc Godard (1930-2022), déjà parodié par Michel Hazanavicius dans un biopic faussement canaille (Le Redoutable, 2017) qui plantait l’artiste au milieu de Mai 68.

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