« Nouvelle histoire de l’extrême droite. France, 1780-2025 », sous la direction de Baptiste Roger-Lacan, Seuil, « L’univers historique », 384 p., 24 €, numérique 17 €.
A mesure que l’extrême droite montait, dans les années 1980, historiens, sociologues, politistes ont commencé à scruter les racines et les idées de cette famille politique qu’on avait pu croire moribonde. Des discussions d’une grande richesse sont nées de ces efforts pour la cerner : relève-t-elle d’un bonapartisme radicalisé ? Y eut-il un fascisme français ? Le lepénisme est-il un populisme ? La montée n’a pas cessé, comme chacun peut le constater, non plus que les questionnements savants. Aussi est-il précieux de disposer de la Nouvelle histoire de l’extrême droite dirigée par Baptiste Roger-Lacan, synthèse collective parfaitement informée, nourrie des plus récents acquis de la recherche.
Un tel travail doit forcément affronter la question de la définition à donner à l’« extrême droite », dénomination apparue sous la plume de l’homme politique et essayiste Paul Thureau-Dangin en 1874. Tâche doublement difficile, sur le plan analytique d’abord, en raison de la multiplicité de ses manifestations historiques dans la longue durée. Sur le plan politique ensuite, puisque l’étiquette fonctionne toujours, tant bien que mal, comme un stigmate, rejetant les partis d’extrême droite « hors des limites de ce qui est politiquement acceptable », ce qui explique leurs efforts fréquents pour s’en distancier, avancer masqués, prétendre incarner seulement la vraie droite, voire la seule France.
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