Le monde universitaire israélien est comme tétanisé. Face au bilan humain de la guerre à Gaza. Face à la crainte de l’extrême droite au pouvoir en Israël. Face aux attaques contre la liberté académique. Face aux nombreux boycotts des universités étrangères. Face aux fractures qui se creusent dans la société israélienne. Mercredi 21 mai, Avital Davidovich-Eshed, 46 ans, enseignante de philosophie hébraïque, prend le micro devant l’entrée de l’université de Tel-Aviv, qui accueille 30 000 étudiants. « Il y a des innocents à Gaza, j’en suis certaine, dit-elle devant la petite centaine d’enseignants, d’étudiants et de militants venus réclamer la fin de la guerre. Je sais aussi que tous les enfants du monde, y compris ceux qui sont nés à Gaza, sont innocents et qu’ils sont tous dignes de vivre et d’être en sécurité. »

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La petite foule applaudit. Certains portent des portraits d’enfants tués par Israël dans l’enclave palestinienne. D’autres des affiches « Arrêtez le génocide » ou des tee-shirts « Non au nettoyage ethnique ». « Je sais aussi que la faim est la faim et que la douleur est la douleur, où qu’elles soient. Je sais que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les mères du monde entier – les nôtres et les leurs – n’aient pas à enterrer leurs enfants », poursuit Avital Davidovich-Eshed. La foule acquiesce.

Mais, les jours suivants, la militante ne dissimule pas son découragement en repensant à cette mobilisation si modeste. Il y avait si peu de volontaires qu’elle s’est démenée pour trouver trois autres personnes prêtes à prendre la parole publiquement. « Les gens ont peur de parler, on craint tous un retour de bâton, constate-t-elle. Et vous avez remarqué l’âge des participants ? Quasiment pas d’étudiants. » Sur le campus, les jeunes engagés sont une poignée, se désole-t-elle, tandis que les bars ne désemplissent pas dans la ville, redevenue joyeuse et vivante.

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