LA LISTE DE LA MATINALE
Alors que la rentrée littéraire bat son plein, « Le Monde des livres » vous recommande la lecture de quatre romans et d’une ample anthologie. Ces romans sont celui d’Antoine Wauters, Haute-Folie, ou la vie incandescente de Josef, le « garçon de malheur » ; celui du grand écrivain danois Jens Christian Grondahl, Au fond des années passées, autour d’un amour de jeunesse retrouvé ; celui de Maria Pourchet, Tressaillir, sur les affres de la rupture ; et celui de la Britannique Natasha Brown, Les Universalistes, au cœur du système médiatique anglais. L’anthologie est celle de Fernand Braudel, Ecrits, qui permet de retracer le parcours intellectuel de l’historien mort il y a quarante ans.
ROMAN. « Haute-Folie », d’Antoine Wauters
A la première lecture de Haute-Folie, le roman d’Antoine Wauters, on s’est d’abord laissé emporter par la force du texte et ses phrases éblouissantes. Puis on a repris la lecture, pour relier ces visions un peu folles, sans perdre pour autant cette première sensation d’étrangeté.
L’écrivain belge s’empare ici d’un récit de vie raconté à la manière d’une fable, entre le conte et le poème en prose, sans jamais chercher à lui imposer un sens. Tout commence très mal dans la vie de Josef, le personnage principal. Né lors d’un incendie qui ravage la ferme familiale de La Haute-Folie, il est aussitôt surnommé le « garçon de malheur ». A 3 ans, l’enfant, qui ne parle pas encore, perd brutalement ses parents. Gaspard, son père, dépouillé de ses biens – terres et bétail –, est découvert pendu dans une étable. Quant à Blanche, la mère, elle abat d’abord un voisin qu’elle juge responsable de leur ruine, avant de se donner la mort.
Le problème de Josef, c’est qu’il ignore presque tout des drames qui l’ont précédé : on les lui a cachés. Comment trouver sa voie et construire sa vie quand on a été dépossédé de son histoire ? Ecrire sur lui, pour Wauters, consiste à entrer par effraction dans son existence de désastres et d’aventures. Comme dans ses précédents ouvrages, le romancier parvient à donner une dimension charnelle à son texte, si bien que l’on se trouve souvent tenté de lire Haute-Folie à voix haute, sans doute « pour que le silence ne gagne pas à la fin ». A. d. C.
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