LA LISTE DE LA MATINALE

Pour cette troisième semaine de rentrée littéraire, « Le Monde des livres » vous conseille la lecture du grand roman d’aventures dans un monde ravagé de Mathieu Belezi ; de l’autobiographie monumentale et éminemment littéraire de l’écrivain hongrois Péter Nadas ; de deux romans sélectionnés pour le Prix littéraire Le Monde 2025 : celui de Lise Charles, entre chronique adolescente et conte ; celui, le premier, de Daniel Bourrion, dans lequel le narrateur se souvient d’un ami disparu bien avant sa mort ; enfin, de l’essai de la politiste Astrid von Busekist, qui explore le phénomène contemporain de l’appropriation d’identité.

ROMAN. « Cantique du chaos », de Mathieu Belezi

A la fin du Pas suspendu de la révolte (Flammarion, 2017), long cauchemar saturé de cruauté et de joie sauvage, le monde paraissait sur le point de s’effondrer. C’est chose faite au début de Cantique du chaos, roman dans lequel Mathieu Belezi reprend, là où il l’avait laissé, le destin d’un personnage du Pas…, le plus désespéré, le plus violent aussi, Théo. Désormais, il fuit, en compagnie d’une femme, Chloé, et de ses enfants. Il ne s’arrêtera plus, jusqu’aux rives du fleuve Orénoque, en Amérique du Sud, où, dans une jungle rêvée, des hommes tentent de survivre sous le regard ironique et compatissant des singes.

Un déluge a ravagé la Terre, cataclysme presque superflu, alors que partout la pollution, les incendies, les guerres, la tyrannie ont déjà rendu toute vie impossible, sauf sous la forme éperdue, panique, que restituent la voix de Théo et celles qui, par intervalles, lui succèdent – chœur esquissé d’une fin du monde presque opératique. Tout y devient possible, même le bonheur, même la douceur désespérée des dernières amours, même la poésie, qui par vagues envahit le roman. Et l’apparition de monstres silencieux, dont, sans savoir pourquoi, on implore le pardon.

Cantique du chaos est un grand roman d’aventures et une longue mélopée méditative, un livre trépidant, impossible à lâcher, et qui vous entraîne subrepticement dans l’inconnu. Il confirme – mais qui en doutait encore ? – que Mathieu Belezi est en train de bâtir une des œuvres les plus singulières et les plus radicalement inventives de ce temps. Fl. Go.

Il vous reste 74.77% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version