Noël Le Graët, 82 ans, sort du silence. Dimanche 3 novembre, l’ex-président de la Fédération française de football (FFF), démissionnaire en février 2023, a réagi auprès du Monde au classement sans suite, le 17 octobre, de l’enquête préliminaire ouverte en janvier 2023 par le parquet de Paris pour « harcèlement moral et sexuel ».
Quel est le motif du classement ?
Le motif est clair : le dossier est vide, l’enquête n’a révélé aucun harcèlement sexuel ou moral de ma part. C’est ce que je pouvais attendre de mieux. Pourquoi y a-t-il eu une affaire pénale ? L’attente est longue. Je suis fragilisé niveau santé depuis le printemps dernier.
Personne ne m’a accusé, personne n’a déposé plainte contre moi. J’ai eu la décision dix mois après mon audition. J’aurais préféré l’avoir avant.
Que représente ce classement pour vous ?
C’est un soulagement pour mon épouse, mes trois filles et mes neuf petits-enfants. Ma famille a été très soudée, mes deux avocats [Florence Bourg et Thierry Marembert] aussi. Les gens peuvent toujours se demander : « il n’y a pas de fumée sans feu. » Vous êtes dans une incertitude, un bateau ivre.
Le 13 janvier 2023, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche a émis un signalement au parquet contre vous dans le cadre de l’audit commandité à la FFF par la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra.
En janvier 2023 [juste avant le signalement], j’ai vu le chef des inspecteurs. Il m’a dit « c’est du pipi de chat ce dossier, vous pouvez partir en vacances ». J’ai presque envie de remercier la ministre d’avoir fait cet article 40 [du code de procédure pénale].
Ce classement de la justice remet en cause le rapport de l’enquête administrative qui a été mené de manière partiale et sous pression politique. S’il n’y avait pas eu cette enquête pénale, il ne serait resté que le rapport de l’inspection. J’aurais soi-disant envoyé des messages à caractère sexuel à la terre entière. Ils n’en ont trouvé aucun. Je n’en ai jamais envoyé. J’étais pris dans la tourmente. Il y a eu une envie de nuire : celle de décapiter le patron de la FFF.
Mme Oudéa-Castéra voulait-elle votre tête ?
Elle a fait ce qu’elle a cru devoir faire. C’est tellement injuste. On ne peut pas tout mélanger. Elle ne se rendait pas compte que cela pouvait bousiller une famille. Elle pouvait me faire des reproches. Je ne l’aimais pas trop et cela se voyait très nettement. Mais de là à monter une cabale de ce genre-là. Il faut vraiment avoir envie de dégager quelqu’un.
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