L’armée népalaise a repris, mercredi 10 septembre, le contrôle des rues de la capitale Katmandou, au lendemain d’une journée de violentes émeutes qui ont contraint le premier ministre, Khadga Prasad « KP » Sharma Oli, à la démission.

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Les troubles ont débuté lundi, lorsque la police a brutalement réprimé des manifestations dénonçant la corruption des élites et la décision du gouvernement de bloquer les réseaux sociaux, faisant au moins 19 morts et des centaines de blessés.

Malgré le rétablissement de Facebook, X et YouTube, la promesse d’une enquête sur les violences policières et le départ de M. Oli, la colère des jeunes qui ont pris la tête de la contestation n’est pas retombée, au contraire.

Toute la journée de mardi, des groupes de jeunes manifestants réunis sous une bannière « Génération Z » ont bravé le couvre-feu pour mettre à sac bâtiments publics, résidences de dirigeants politiques et autres symboles du pouvoir. Le Parlement a été incendié, ainsi que le domicile du premier ministre démissionnaire.

L’aéroport de Katmandou fermé depuis mardi

Mercredi matin, les rues de la capitale étaient jonchées de carcasses de véhicules et de barrages, et des fumées s’échappaient encore des bâtiments incendiés ou de magasins pillés, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. D’importants effectifs militaires, escortés de chars et de véhicules blindés, patrouillent dans les quartiers sous couvre-feu de Katmandou, où seule la circulation des véhicules d’urgence a été autorisée.

Dans un communiqué, l’état-major a répété mercredi qu’il réprimerait « manifestation, acte de vandalisme, pillage ou incendie et attaque visait les personnes et les biens », à l’heure où « des efforts sont en cours pour apaiser la situation par le dialogue et la coordination ». Les autorités n’ont publié aucun bilan de cette journée d’émeutes.

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Fermé au trafic depuis mardi, l’aéroport de Katmandou ne devrait pas rouvrir ses pistes aux vols intérieurs ou internationaux avant 18 heures (14h15, heure de Paris), a annoncé son directeur, Hansa Raj Pandey, cité par les médias locaux.

L’armée népalaise a appelé mardi la population de ce pays de 30 millions d’habitants au calme et mis en garde contre « les activités qui pourraient mener le pays à l’émeute et à l’instabilité ». Dans un message vidéo, son chef d’état-major, le général Ashok Raj Sigdel, a exhorté « tous les groupes impliqués dans les manifestations à revenir au calme et à engager un dialogue ».

Situation politique très incertaine

Revenu au pouvoir en 2024, M. Oli a expliqué qu’il démissionnait « afin que des mesures puissent être prises en vue d’une solution politique ». Agé de 73 ans, le chef du Parti communiste népalais, qui a dirigé quatre fois le gouvernement depuis 2015, incarne cette élite de dirigeants dont la jeunesse du pays, privée d’emploi et lassée de la corruption, exige le départ.

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Le président népalais, Ramchandra Paudel, a lui aussi exhorté « tout le monde, y compris les manifestants, à coopérer pour une résolution pacifique de la situation difficile du pays ».

D’autres appels au calme et à la retenue ont été lancés par l’ONU ou le grand voisin indien. « La stabilité, la paix et la prospérité du Népal sont d’une importance capitale pour nous », a souligné le premier ministre, Narendra Modi.

La situation politique restait très incertaine mercredi matin au Népal, dans l’attente d’un successeur au chef du gouvernement démissionnaire. Maire de Katmandou depuis 2022, l’ancien ingénieur et rappeur Balendra Shah, 35 ans, a lui aussi appelé la population à « faire preuve de retenue ». « Soyez prêts (…) à prendre les rênes du pays », a lancé sur Facebook l’élu, présenté comme une figure incontournable de la transition qui s’annonce.

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Le Monde avec AFP

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