
Cet après-midi de fin novembre, une douzaine de bénévoles d’associations locales déplient tables et tonnelles sur la dalle de Villejean, l’un des quartiers populaires de Rennes. Retraitée de la grande distribution, Sylvie (dont le prénom a été modifié) guide les badauds vers les stands. Celui de la médiathèque, ici. A côté, ceux d’associations d’entraide et du collectif des mamans « solos ». « Plusieurs fois par an, nous occupons ainsi l’espace public. C’est important de montrer que la dalle est à tout le monde et pas qu’à eux », souffle la retraitée.
« Eux », ce sont ces jeunes dealeurs habillés en noir, regroupés un peu plus loin sur cette place bordée de tours de logements sociaux, construites dans les années 1960. Sylvie parle d’« eux » en jetant des coups d’œil par-dessus son épaule. Elle les craint. Café en main, Myriam, mère de famille célibataire dont le prénom a aussi été changé, opine. Cette quadragénaire aimerait évoquer la solidarité entre les habitants, la vitalité associative du quartier, ou les deux arrêts de métro qui relient Villejean au centre de cette ville habituée à figurer dans les classements où il fait bon vivre, mais Myriam en revient aux trafiquants : « Actuellement, j’ai peur pour mes enfants lorsqu’ils sortent. C’est dur de vivre sur ses gardes, dans la peur d’être là, au mauvais endroit au mauvais moment. »
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