
Après des années de rebondissements, le procès lié à la mort de l’ancien international de rugby argentin Federico Martin Aramburu, tué par balles dans Paris en 2022, devrait avoir lieu en 2026 avec le renvoi définitif aux assises des principaux accusés issus de l’ultradroite.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a ordonné, mardi 23 septembre, ce renvoi du principal suspect, Loïk Le Priol, 31 ans, ancien du Groupe Union Défense (GUD) et ex-commando marine, pour assassinat. A ses côtés devraient comparaître l’un de ses camarades de la sphère de l’ultradroite, Romain Bouvier, 34 ans, pour tentative d’assassinat, et Lyson R., 28 ans, compagne de Loïk Le Priol présente lors des faits, pour complicité.
La cour d’appel s’était déjà prononcée en février mais a dû revoir sa copie mardi, la Cour de cassation ayant relevé en juin des « contradictions » dans son arrêt : dans la même décision, les juges expliquaient que Loïk Le Priol devrait être jugé pour assassinat, avant de le renvoyer pour un meurtre sans préméditation. De même, après avoir expliqué que Lyson R. devait être renvoyée pour complicité de tentative d’assassinat, ils avaient abandonné ensuite cette incrimination.
Altercation en terrasse
L’un des conseils des parties civiles, Me Yann Le Bras, a estimé auprès de l’Agence France-Presse (AFP) que cette décision était « conforme à l’analyse objective des faits et leur extrême gravité. (…) Les parties civiles peuvent se projeter désormais sur le calendrier du procès d’assises qui aura lieu au premier semestre 2026 ».
A ce stade, la cour d’appel n’a « fait que retenir des charges, et tout va se jouer à l’audience », objecte Me Xavier Nogueras, pour Loïk Le Priol. « Il n’y a aucune preuve de la préméditation. Cette question va s’effondrer » aux assises selon lui.
Du côté de la défense de Lyson R., accusée notamment d’avoir conduit Romain Bouvier, dans sa Jeep, jusqu’à la victime, on considère qu’après cette décision, « la proclamation de [son] innocence est simplement retardée ». « Nous avons hâte de nous défendre », poursuit Florian Lastelle, l’un de ses avocats.
Le procès permettra de revenir sur ce matin du 19 mars 2022, où Federico Martin Aramburu, 42 ans, 22 sélections avec l’Argentine et qui vivait sa retraite sportive à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), se trouve avec l’un de ses amis, Shaun Hegarty, un autre rugbyman, dans un bar du boulevard Saint-Germain. Ils devaient se rendre le soir même au Stade de France pour le match France-Angleterre du tournoi de rugby des six nations. Une altercation éclate en terrasse, avec Loïk Le Priol et Romain Bouvier. Les deux sportifs quittent l’établissement à pied.
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Ils sont rejoints plus tard par les deux militants d’ultradroite, qui ont tous deux tiré sur l’ex-international argentin lors de deux scènes successives, le blessant mortellement, avant de s’enfuir.
Pas de « dessein criminel commun »
Après plusieurs retournements, la justice a fini par considérer qu’il n’y avait pas un « dessein criminel commun » entre tous les accusés, qui aurait permis de tous les juger pour assassinat et complicité. C’est pour cela que seul Le Priol, qui a visé Aramburu au revolver, dans le dos, le touchant mortellement, doit répondre d’assassinat, tandis que Romain Bouvier, qui l’a touché à la cuisse et au flanc, n’est renvoyé que pour tentative.
Loïk Le Priol avait été arrêté quelques jours après les faits en Hongrie alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Ukraine. Les deux suspects avaient été condamnés en 2022 à deux et trois ans de prison pour avoir violenté en 2015 un ancien ami et ex-dirigeant du GUD, mouvement dissous en juin 2024.
L’avocat de Romain Bouvier, déjà renvoyé aux assises depuis février, prend date pour le procès : « Il est normal que Romain Bouvier ne réponde que de ses coups de feu ». « Il n’y a eu aucune concertation, aucune chasse à l’homme, aucune motivation raciste. Et nous contesterons fermement la volonté homicide », a déclaré Me Hugues Vigier à l’AFP.