Images extraites des dernières vidéos diffusées par la chaîne Twitch OGK_Decoy, le 10 octobre 2025.

Dans le cadre de l’affaire Jean Pormanove, une nouvelle enquête a été ouverte par le parquet de Nice, vendredi 10 octobre, pour violences volontaires en réunion et diffusion d’images d’atteintes volontaires à la personne, a appris Le Monde, confirmant une information de Mediapart. Elle porte sur une chaîne Twitch, nommée OGK_Decoy et lancée par d’anciens membres du Lokal, le groupe d’influenceurs niçois auquel appartenait Raphaël Graven, alias Jean Pormanove, mort en direct le 18 août. Leur lieu de tournage a été perquisitionné et placé sous scellés, le matériel informatique saisi.

A la fin du mois d’août, Owen Cenazandotti, alias Naruto, l’un des deux protagonistes de la chaîne de streaming, avait pourtant annoncé la fin du Lokal, déjà banni de la plateforme australienne Kick après le décès de Raphaël Graven. Mais en septembre, Gwen Cenazandotti, son petit frère, a relancé les séances de streaming avec d’anciens réguliers de la chaîne de Jean Pormanove, depuis le même local de Contes, près de Nice, cette fois sur la plateforme Twitch. Sa chaîne affichait vendredi 43 000 abonnés.

Dans des extraits diffusés par Mediapart, on voit les participants échanger des insultes et on entend, caméra coupée, des coups et des rires.

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D’autres enquêtes toujours en cours

Le 18 août, c’est dans ce local qu’est mort Raphaël Graven, alors âgé de 46 ans, lors d’une diffusion en « live » sur Kick. Ces douze jours de direct l’ont montré, ainsi qu’un autre homme, violenté et humilié par Owen Cenazandotti, 26 ans, et Safine Hamadi, 23 ans. L’autopsie a cependant conclu que le décès n’était pas dû à l’intervention d’un tiers.

Les deux jeunes hommes, que Raphaël Graven qualifiait de « petits frères », avaient été placés en garde à vue puis relâchés sans charges en janvier, dans le cadre d’une première enquête pour violences en réunion sur personne vulnérable. Ils étaient présents à ses obsèques et ne sont pas apparus sur la nouvelle chaîne.

Suivie par près de 200 000 personnes, la chaîne « jeanpormanove » montrait depuis des mois Raphaël Graven se faire insulter, frapper, tirer les cheveux, menacer ou encore tirer dessus sans protection avec des projectiles de paintball. Lui-même et ses acolytes ont assuré qu’il s’agissait de contenus scénarisés, chaque participant touchant plusieurs milliers d’euros par mois des dons des internautes payant pour assister aux mises en scène.

Le parquet de Nice avait ouvert une première enquête le 16 décembre 2024, toujours en cours, à la suite d’un premier article de Mediapart. Trois chefs de poursuite avaient été retenus, dont « provocation publique à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur handicap » et « violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables ». La plateforme Kick, elle, fait l’objet d’une enquête séparée ouverte le 26 août par le parquet de Paris, « du chef de fourniture en bande organisée de plateforme en ligne illicite ».

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Le Monde avec AFP

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