Comme l’été dernier, l’irrigation des terres agricoles dans la Vienne pourrait être interrompue dans les prochaines semaines en raison de la sécheresse.
Les restrictions et le partage de l’eau sont au centre d’une réunion lundi 6 mars, qui rassemble tous les préfets de France autour du ministre de la Transition écologique. La France est en situation de crise. Les nappes ne se sont pas rechargées cet hiver. Et dans certains secteurs, les agriculteurs ne savent pas s’ils vont pouvoir irriguer. C’est le cas dans la Vienne.
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Quand on entre dans la chambre froide de la ferme de Damien Laroche, à quelques kilomètres de Poitiers, on peut y voir des yaourts et de la viande conditionnée. Dans le secteur le plus menacé par les restrictions d’eau. L’année dernière, dans cette ferme, l’irrigation, a été coupée en juillet. Et cette année, le préfet a laissé entendre que l’agriculture dans ce secteur était menacée par le réchauffement. Damien Laroche n’a plus de garantie sur son avenir. “Personnellement, je me sens maltraité par la préfecture”, confie l’agriculteur. “On nous annonce presque un arrêt de l’irrigation dans notre département, ce qui fait qu’on n’a pas de perspectives d’avenir pour nos filières d’élevage, de maraîchage ou culture spécialisée”, déplore-t-il.
Projet de bassines suspendu
Le sujet de la répartition de l’eau a été lancé dans le département. La gestion de crise durait depuis des décennies. Le gestionnaire de l’eau dans la Vienne a donc fait un état des lieux. Le résultat provisoire, c’est qu’il va falloir faire des économies importantes d’eau et revoir la répartition. Cela remet en question le projet de bassines qui a été lancé par les agriculteurs. Près de la ferme de Damien Laroche, cinq réserves étaient envisagées. Laurent Lambert est l’un des porteurs du projet, préoccupé par la sauvegarde de l’irrigation. Selon lui, “la renaturation des rivières aura beaucoup plus d’impact que de faire des réserves de substitution”. “Nous avons un projet de cinq réserves, alors peut-être que deux suffiront si on renature la rivière.”
“Nous, on sait très bien que s’il y a de l’eau dans la rivière, on pourra irriguer derrière.”
Laurent Lambertà franceinfo
Pour construire les bassines, les agriculteurs comptaient sur des fonds importants de l’agence de l’eau. Les opposants au projet dans ce nouveau contexte proposent donc de rediriger cet argent. “Ça voudrait dire qu’ils seraient subventionnés pour changer de mode de culture, suggère Jean-Claude Hallouin de l’association Vienne Nature. Et il pourrait être aidé aussi pour mettre en place des filières puisque lorsqu’on cultive de nouvelles variétés, l’un des problèmes, c’est qu’il n’y a pas, il n’y a pas la filière derrière.”
Aujourd’hui, les agriculteurs disent qu’il on fait déjà beaucoup en matière de transition. Les partisans des bassines menacent aujourd’hui d’attaquer l’étude sur l’eau pour sauvegarder l’irrigation.