Sur la table de l’accélérateur de particules, bientôt bombardée de rayons X ultrapuissants que diffusent des bras rotatifs, la chienne Mia, bâtarde au pelage roux, ne risque pas de se carapater au premier bruit de croquettes versées dans la gamelle. Etalée sur le ventre, anesthésiée, pattes en étoile et corps calé dans un coussin à mémoire de forme, un filet rigide de plastique blanc autour de la tête, elle reçoit au millimètre près les doses d’irradiation susceptibles de réduire sa tumeur au cerveau, auparavant cartographiée par scanner. Mia est en radiothérapie à la clinique vétérinaire Oncovet de Villeneuve-d’Ascq, tout près de Lille.

Ce n’est plus l’apanage des personnes âgées dans les travées du marché. Les propriétaires de chiens en promenade hygiénique nocturne devisent désormais tumeurs, coût de la chirurgie et protocole de chimiothérapie. Un quart des animaux de compagnie développent un cancer au cours de leur vie – proportion légèrement supérieure à celle relevée chez leurs maîtres. Depuis une petite décennie, ces derniers, plutôt que l’euthanasie, envisagent davantage le traitement pour leurs compagnons quadrupèdes. « Nous constatons une augmentation régulière de l’activité, de près de 10 % par an depuis notre ouverture, en 2000 », évalue le docteur Laurent Marescaux, vétérinaire oncologue, qui, dans le calme et en blouse bleu canard, dirige la clinique Oncovet, pionnière ès prises en charge des cancers de cabots et matous.

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Des travaux sont en cours. D’urgence, répondre à la demande, saisit-on en visitant la clinique aux quatorze vétérinaires et presque 5 millions d’euros d’équipements, propriété du groupe anglo-suédois IVC Evidensia. Salles d’échographie, de scanner, d’IRM ou de radiothérapie, aux murs de bunkers, salles de chimiothérapie, de soins intensifs, blocs opératoires… Les équipements sont aussi sophistiqués que dans un CHU, l’ambiance un brin plus détendue. Ici, les patients sont caressés. Un pense-bête « Chien en liberté » barre une porte blindée. Des chats anesthésiés forment de longues flaques poilues sur les tables à roulettes. Il faut enjamber des chiens ronflant au sol, affalés sur des coussins. Dans l’air flottent des odeurs de désinfectant et de pâtée mêlées.

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