Ils ne sont pas très nombreux, ceux qui peuvent se targuer d’avoir un jour volé la vedette à Bono. En ce mois de mars 2010, le chanteur de U2 accompagne à l’université ghanéenne d’Accra son ami Mohamed « Mo » Ibrahim, qui vitupère contre ces leaders africains chérissant « le vin français et les voitures américaines hors de prix », mais considérant les droits humains comme « des valeurs occidentales », racontera le New Yorker.

Dans l’amphithéâtre bondé, la chaleur étouffante, les étudiants se bousculent après la conférence pour décrocher une photo avec l’idole : pas le rockeur irlandais à la crinière brune, mais le sexagénaire bien portant, crâne chauve et œil rieur sous de discrètes lunettes de prof. « Les gens me donnaient des coups de coude pour arriver jusqu’à Mo », s’en amuse un Bono réduit à jouer le photographe, jusqu’à l’aéroport avec les porteurs de bagages.

Mo Ibrahim est une célébrité en Afrique. Plus encore que pour son combat actuel contre la mauvaise gouvernance, on l’y connaît comme l’un des pionniers de la téléphonie mobile, qui, dans les années 2000, a révolutionné le quotidien sur un continent gigantesque, manquant de routes, d’électricité, et où le fixe n’était jamais parvenu à s’imposer. Aujourd’hui, le portable est un outil économique, financier, sociétal, démocratique, possédé par neuf Subsahariens sur dix.

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Sa marque, Celtel, avait officiellement conquis, selon les chiffres diffusés à l’époque, 6 millions d’utilisateurs dans treize pays subsahariens, du Burkina Faso à l’Ouganda, de la Zambie au Tchad. A sa vente, en 2005, seulement sept ans après sa création, elle s’arrachera pour 3,4 milliards de dollars, propulsant Mo Ibrahim parmi les hommes les plus riches et les plus influents d’Afrique.

D’Alexandrie à Birmingham

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