« Blue-Grey Composition » (1962), d’Agnes Martin (collection Pinault).

Il est des expositions où les vides importent tout autant que les pleins. Offerte comme jamais à la lumière naturelle, la Bourse de commerce a mis sa respiration au rythme du minimal : l’air, ainsi que les visiteurs, circule entre les œuvres, avec fluidité. C’était une première gageure : dès leurs débuts, dans les années 1960, nombre des artistes présentés ici se sont évertués à défier les codes du musée. Leurs sculptures se déploient souvent à même le sol, en fragile équilibre parfois ; leurs toiles se font rivales du mur blanc. Comment recréer aujourd’hui l’expérience originelle ? C’est la grande réussite de ce parcours, qui propose un regard neuf sur l’esthétique minimale : ici, aucun de ces vilains cordons de sécurité. Et le moins de cimaises possible. De l’air, du vide, et du ciel.

D’où cette sensation de liberté que ressent le visiteur dès la première salle. Les enfants, tout spécialement : les voilà autorisés à prélever dans un tapis de bonbons blancs, signé Felix Gonzalez-Torres. Une fois la sucrerie en bouche, on comprend, à lire le cartel, que ce monochrome fragile, intitulé « Untitled » (Portrait of Dad), est pour l’auteur une parabole du deuil de son père. A l’instar du souvenir, l’œuvre, datée de 1991, est destinée à se désagréger doucement, jusqu’à n’être rien.

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