Début décembre 2024, on découvrait à peine Miki, seule derrière le pupitre de ses claviers au festival éternellement défricheur des Trans Musicales de Rennes. Mais tout semblait programmé. Après le buzz d’un trio de premiers titres mis en ligne – Jtm encore, Echec et mat, Cartoon Sex – sa maison de production, Structure, annonçait un disque 7 titres, Graou, au printemps 2025, puis un premier album à l’automne.

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Industry Plant est sorti, en effet, le 3 octobre, juste avant le pari de remplir l’Olympia, le 10 octobre. Vendredi soir, la mythique salle du boulevard des Capucines, à Paris, a le plein pour accueillir la sensation pop franco-coréenne de 26 ans, désormais accompagnée d’un batteur, Hugo Dupuis, et d’une guitariste, Dee Huang.

Ce chemin est-il trop planifié pour être honnête ? Depuis les débuts de Mikaela Duplay, alias Miki, des voix en ligne ont médit sur la fraîcheur prétendue factice d’une jeune femme qualifiée de produit marketing, « coupable » d’avoir renié ses premières tentatives musicales pour collaborer avec des réalisateurs – Tristan Salvati (Angèle), Canblaster (Club Cheval), Lucasv (Disiz) –, figures de la pop contemporaine. Comme si l’identité de chaque artiste n’était pas déterminée par des tâtonnements et des rencontres.

Ironie autodérisoire

A ces commentaires, souvent misogynes, l’ancienne étudiante en cinéma a répondu par l’ironie autodérisoire en baptisant son album « plante fabriquée par l’industrie ». Sans nier les traumatismes causés par les « haters ». En ouverture du disque, comme du concert, le titre Yes se confie sur ces cicatrices encore fraîches (« Yes/Bien sûr que ça m’blesse », « J’vomis tous les mots qu’on dit de moi sur Internet/Ils s’impriment sur ma peau, du coup j’y crois, ça m’fait mal à la tête »).

Pimpante sur la scène de l’Olympia, en crop top bleu ciel et large pantalon de survêtement, Miki chante ces ecchymoses sans se priver du charme d’un refrain entêtant. Une dualité qui parcourt l’essentiel d’un album plein de paradoxes et contrastes, d’une densité pas si facile à assimiler. Entre rap, chant, dialogues ou échanges façon SMS, les chansons témoignent d’une sincérité désarmante, voire perturbante, loin du discours lisse d’un produit préfabriqué.

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