C’était la rumeur de l’été dans la baie de San Francisco. Apple avait examiné en interne le dossier Mistral AI, envisageant d’acquérir la star française de l’intelligence artificielle (IA). L’affaire était suffisamment sérieuse pour que l’agence Reuters en fasse une dépêche. Les choses ne sont pas allées plus loin, le téléphone de Mistral n’a pas sonné et, qu’on se le dise, l’entreprise n’est pas à vendre.
L’affaire était à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Une mauvaise nouvelle pour Apple, qui a raté le virage de l’intelligence artificielle et ne sait que faire pour rattraper son retard : celle qui fut pendant si longtemps la première capitalisation du monde est désormais distancée par Nvidia, le fabricant de puces, et Microsoft, parrain d’OpenAI, l’inventeur de ChatGPT. Elle devrait chercher à développer son propre modèle d’intelligence artificielle.
Pour Mistral AI, c’est à la fois un honneur – un hommage à deux jeunes polytechniciens (Arthur Mensch et Guillaume Lample) et un normalien français (Timothée Lacroix), passés par Google ou Meta, qui ont su faire naître un champion de l’IA en France. Et un motif d’inquiétude, car la question taboue se pose : Mistral AI peut-elle survivre seule ?
L’entreprise a suscité un enthousiasme mérité en France, où les succès ne sont pas si nombreux, au point qu’Arthur Mensch a été nommé chevalier de l’ordre national du Mérite en mai. Mistral AI a levé jusqu’à présent 1,1 milliard de dollars (935 millions d’euros) de financement et fut valorisée l’an dernier 5,7 milliards de dollars. Selon Bloomberg, elle est en train de lever 2 milliards de dollars supplémentaires dans une opération qui l’évalue à 14 milliards de dollars et en ferait l’une des start-up les plus valorisées d’Europe.
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